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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 14:38

Rémanence de deux obsessions françaises : l’Allemagne et le déclin

8 décembre

 

par Karim Emile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS

 

Dans un article publié en 1999 intitulé « Deux obsessions pour un siècle(1) », le toujours pertinent politologue de Harvard Stanley Hoffmann soulignait que tout au long du vingtième siècle et quelles que soient les vicissitudes de chaque période, la France avait toujours eu deux hantises qui permettent de mieux comprendre l’état d’esprit qui prédominait et les différentes politiques qui furent suivies : la hantise de l’Allemagne, et la hantise de son propre déclin.

 

C’est en grande partie pour mieux affronter ces deux soucis dominants que fut défini le « grand dessein » du général de Gaulle, cet « artiste de la politique » pour reprendre le titre d’un autre livre d’Inge et Stanley Hoffmann ; et que fut plus tard pensée l’intégration européenne, à travers laquelle les stratèges français espéraient encadrer ou « européaniser » l’Allemagne, tout en conservant autant que possible la marge de manœuvre française.

 

Ce sont également ces deux obsessions qui expliquent la grande et paradoxale continuité de la diplomatie française, nonobstant les inflexions que peuvent naturellement apporter les présidents successifs. La continuité n’a toutefois pas réussi, selon Hoffmann, à atteindre les principaux objectifs et à empêcher la présence globale de la France de s’estomper progressivement dans la période post-gaullienne.

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Légende: Affiche française de 1954 en faveur de la Communauté européenne de défense (CED). La CED est un bouclier, une alliance défensive «pour la paix» contre la menace fasciste et soviétique.
Source: Bundesarchiv Koblenz, Potsdamer Straße 1, D-56075 Koblenz.
Copyright: (c) Bundesarchiv Koblenz

Cela est certes dû à une conjonction de facteurs très disparates, mais il n’est pas interdit de penser que ces deux préoccupations françaises parfaitement légitimes (parvenir à une relation harmonieuse avec l’Allemagne, éviter le déclin) peuvent elles-mêmes devenir un obstacle à la réalisation des intérêts stratégiques de la France, tant ces deux thématiques tétanisent les classes dirigeantes et empêchent la France de se montrer plus inventive, de repenser sa diplomatie et sa politique économique dans un monde qui change.

 

Certains propos entendus ces deux dernières semaines sont venus montrer jusqu’à quel point l’obsession du déclin et l’obsession de l’Allemagne continuaient à être au cœur des débats français.

 

La phrase clé du discours qu’a tenu le président de la République à Toulon était celle où il soulignait qu’« Aujourd’hui, la peur est revenue. (...) Cette peur porte un nom : c’est la peur pour la France de perdre la maîtrise de son destin ».

 

En une phrase, on retrouvait deux intonations, celle, gaullienne, sur l’impérieuse nécessité pour la France de « tenir son rang » (l’actuelle politique extérieure de la France est-elle la plus propice pour respecter l’injonction gaullienne ?) et celle de Roger Gicquel, le présentateur du journal télévisé qui avait marqué l’histoire de l’audiovisuel en ouvrant son 20h par la célèbre formule « la France a peur » suite à l’enlèvement, en février 1976, d’un enfant par Patrick Henry, lequel sera plus tard sauvé de la peine capitale par Robert Badinter. Gicquel avait dans la foulée, on l’oublie trop souvent, incité les téléspectateurs à ne point céder à la peur, toujours mauvaise conseillère.

 

Le thème de la France qui a peur de tomber avait déjà été au cœur de la campagne présidentielle de 2007. Et l’histoire retiendra probablement que l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 doit beaucoup à quelques ouvrages qui avaient ancré dans les esprits l’idée que le modèle social français devait être remisé au placard, et que seule une « rupture » pourrait enrayer le déclin. Les auteurs de ces ouvrages, qui furent baptisés « déclinologues » par la presse, avaient souvent en commun une certaine fascination pour le modèle allemand, ce qui montre encore une fois que les deux obsessions vont souvent de pair.

 

Quoi qu’il en soit, leurs idées étaient devenues hégémoniques, au sens gramscien de l’expression. Mais suite à la crise économique de 2008, il est apparu que la France, grâce son système social qui a servi d’amortisseur, avait relativement mieux résisté que ses voisins, ce qui fut d’ailleurs reconnu en mai 2009 par l’hebdomadaire The Economist. Après avoir chanté le refrain du déclinisme français, le journal de référence en venait à inciter les autres pays européens à s’inspirer eux-mêmes du modèle français.

 

La fascination française pour les politiques économiques allemandes était déjà clairement présente au début des années 1990 avec la politique dite de « désinflation compétitive » et de modération salariale du gouvernement de Bérégovoy, dont la France n’est jamais véritablement sortie. Mais en dehors de cette volonté d’émulation d’un certain rigorisme monétaire, l’obsession de l’Allemagne semblait avoir disparu de l’inconscient collectif français.

 

Il y eut bien un dérapage lors d’un discours de campagne dans lequel le candidat Nicolas Sarkozy avait affirmé que « la France n’a pas à rougir de son histoire. Elle n’a pas commis de génocide. Elle n’a pas inventé la solution finale », ce qui avait pour effet de renvoyer les Allemands aux pages les plus noires de leur histoire, alors même qu’ils avaient effectué un remarquable travail de mémoire.

 

A l’exception de Daniel Schneidermann, peu de gens avaient relevé et personne n’avait crié à la « germanophobie » comme ce fut le cas lorsqu’Arnaud Montebourg fit une comparaison entre la politique d’Angela Merkel et celle de Bismarck. A sa décharge, il ne fut pas le premier à faire un tel parallèle, qui fut établi par Yves Thréard éditorialiste du Figaro en 2010, puis plus récemment par Eric Zemmour et surtout par nul autre que Sigmar Gabriel, président du SPD allemand. La référence est peut-être maladroite mais, sauf à faire dans le politiquement correct le plus zélé, elle ne franchit guère la ligne rouge et peut se percevoir de différentes façons, voir même dans l’esprit de Zemmour, comme un hommage à Merkel.

 

Plus problématiques sont les propos d’autres responsables socialistes évoquant Edouard Daladier ou les accords de Munich. En politique internationale, on a pris l’habitude depuis quelques années de mettre Munich à toutes les sauces, et les va-t-en-guerre sans frontières n’ont jamais hésité, depuis les années Bush, à traiter de munichois tous ceux qui ne partageaient pas leurs velléités bellicistes. Paul Valéry ne disait-il pas qu’il n’y avait rien de pire que les prétendues « leçons de l’histoire », lorsqu’elle est mal comprise ou mal interprétée ?

 

Le temps est venu pour la France de se libérer de ces deux hantises. Avoir une relation solide et stable avec l’Allemagne est fondamental, mais pourquoi développer des fixettes sur le « modèle allemand » et vouloir singer la moindre réforme allemande, alors même que les différences entre les deux pays demeurent manifestes, pour ce qui est des structures familiales, du tissu industriel, des modalités d’application du capitalisme et de tant d’autres sujets ?

 

Quant au sempiternel débat sur un supposé déclin français, il semble pour le moins décalé lorsqu’analysé loin du cadre franco-français. La France joue sur la scène internationale un rôle sans commune mesure avec son poids démographique (1% de la population mondiale). Ses atouts sont nombreux : elle demeure la première destination touristique du monde, sa démographie est solide, avec le taux de fécondité le plus élevé d’Europe, son soft power et son capital de sympathie à travers la planète demeurent importants, son système de santé est considéré par l’OMS comme étant le plus performant du monde, son attractivité est reconnue par les investisseurs étrangers, ses grandes entreprises réussissent sur les marchés internationaux…

 

Certes, les problèmes ne manquent pas, le chômage structurel, l’endettement, la fragilisation des classes moyennes, la faiblesse des PME à l’international, l’exposition des banques à la dette grecque, la dislocation du lien social et bien d’autres… Mais est-ce en cédant aux sirènes du populisme et du repli identitaire, est-ce en étant tétanisés par la peur de l’Allemagne et la hantise du déclin que l’on construira l’avenir ?

 

(1) Stanley Hoffmann, « France, Two Obsessions for one Century », in Robert Pastor (ed.), A Century’s Journey : How the Great Powers Shape the World, Basic Books, New York, 1999. Une version française de cet article est parue en deux parties dans les numéros 105 et 106 (printemps et été) de la revue Commentaire, en 2004.

 

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article5936

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 20:03
Grande Guerre
11/11
Idées

"Verdun doit-il avoir peur du 'Grand Méchant Meaux' ?"

Le 11 novembre sera inauguré par le président de la République, le Musée de la Grande Guerre de Meaux. Ce musée doit tout à un homme, Jean-Pierre Verney, passionné de la Grande Guerre et exceptionnel collectionneur.

10/11
Culture

La Grande Guerre s'expose à Meaux, sans sang, sans cris, sans larmes

Riche et documenté, le musée qui ouvre le 11 novembre pèche par une douteuse mise en scène. Par deux fois, en septembre 1914 et d'avril à juin 1918, le franchissement de la Marne a été l'enjeu de combats décisifs.

10/11
Livres

Enquête sur une vérité disputée

Comment "1914. Les Atrocités allemandes" a changé l'historiographie de la Grande Guerre. Voilà bien un livre-monde. L'enquête sur les "atrocités" commises par l'armée allemande en 1914, au début de la Grande Guerre, menée par deux universitaires de Dublin, John Horne et Alan Kramer, a mobilisé des...

11/11
Politique

Le 11 novembre, un hommage devenu plus politique qu'historique

En un quinquennat, le 11-Novembre est devenu sa cérémonie. De la commémoration de la "der des der", on est passé à la célébration fétiche de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, il fallait la renouveler, d'autant plus qu'il n'y a plus de poilus à décorer depuis la mort du dernier d'entre eux, Lazare...

11/11
Politique

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10/11
Livres

"1914. Les atrocités allemandes. La vérité sur les crimes de guerre en France et en Belgique", de John Horne et Alan Kramer : tueries, viols et violences

Cet ouvrage apparaît d'abord comme une enquête sur les traces de l'armée allemande, pour établir avec minutie chacun des faits, chacune des exactions perpétrées en Belgique et en France au début de la Grande Guerre.

11/11
Élection présidentielle 2012

Du cœur de l'Argonne, Hollande répond à Sarkozy mais sans "polémique"

"Le 11-Novembre doit demeurer à nos yeux l'évocation de ce terrible carnage qui a fait 10 millions de morts, toutes nationalités confondues", a déclaré le candidat socialiste à l'élection présidentielle, après s'être recueilli à l'ossuaire du Bois de la Gruerie (Marne).

04/11

Un orage d'acier

le-monde-logoParmi tous les romans français contemporains évoquant la Grande Guerre, celui de Lilyane Beauquel est une rareté. Non pas tant par le récit, celui des hommes au combat, ni par le style, quoique la narration par courts épisodes fasse contrepoids à un rythme d'ensemble assez lent, mais par le point...

11/11
Politique

"La singularité de la Grande Guerre risque d'être dissoute"

Quel sens donnez-vous à l'initiative de M. Sarkozy consistant à faire du 11-Novembre un jour d'hommage aux morts de toutes les guerres ? Ce que fait Nicolas Sarkozy est le fruit de deux tendances, l'une de long terme, l'autre de court terme.

09/11
Sport

La FIFA interdit "les coquelicots" aux footballeurs anglais et gallois

Le premier ministre britannique David Cameron a jugé mercredi 9 novembre "absurde" la décision de la FIFA d'interdire aux footballeurs gallois et anglais de porter samedi sur leur maillot le coquelicot, symbole des soldats morts au combat depuis la première guerre mondiale.

09/11
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15/10

Le tableau du monde peint par les atomes

Les éléments chimiques se transforment en héros d'une passionnante fresque historico-technique. Les deux premières pages du livre pourront effrayer un lecteur ayant des souvenirs scolaires douloureux.

11/11
Politique

Un projet de loi pour "tous les morts pour la France" le 11 novembre

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi 11 novembre le dépôt "dans les semaines qui viennent" d'un projet de loi visant à commémorer, à cette date, "la Grande Guerre et tous les morts pour la France".

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 18:35

art173-1.gifUne naissance difficile

Dès les années 1942-1943, les organes dirigeants de la France libre à Londres et à Alger se penchent sur le problème institutionnel : quelle organisation des pouvoirs publics appliquer à la France libérée ? L’accord se fait sur un point, une assemblée législative élue par les Françaises et les Français aura une vocation constituante. Mais dès l’automne 1945, il apparaît que les conceptions des principaux partis sont inconciliables entre elles et plus encore avec celles du général de Gaulle. Celui-ci, estimant que les jeux politiciens, si préjudiciables à la IIIe République, troublent de nouveau la conduite des affaires publiques, quitte la direction du Gouvernement provisoire le 20 janvier 1946.

Les grands partis unis dans la Résistance (Parti communiste, Parti socialiste SFIO, Mouvement républicain populaire) se divisent sur la question institutionnelle. Quant au général de Gaulle qui a quitté le pouvoir en janvier 1946, il a exposé à Bayeux le 16 juin suivant ses conceptions de l’organisation des pouvoirs. Conceptions qui ne peuvent que susciter la méfiance d’une classe politique très attachée au parlementarisme, confondu avec l’idée même de République.

Pour le Général, le pays a besoin d’un exécutif fort. Pour les partis de gauche, la démocratie ne peut s’incarner que dans une assemblée unique toute puissante. Les démocrates-chrétiens du MRP et les modérés défendent le principe de deux assemblées, donc de la création d’un Sénat.

Le texte adopté le 13 octobre 1946 est donc un compromis, d’où une insatisfaction générale. Pour aboutir, il aura fallu l’élection d’une nouvelle assemblée constituante, un premier projet ayant été refusé par référendum. Le nouveau texte est adopté (9,2 millions de « oui », 8,1 millions de « non ») mais un tiers des Français n’a pas voté.

Très vite les anciens partis de la IIIe République, déconsidérés par leur débâcle en 1940, rénovés par l’action de certains de leurs membres dans la Résistance, ont renoué avec les pratiques politiques d’avant-guerre. Les grands idéaux de rénovation contenus dans l’action et les programmes de la Résistance sont oubliés.

Dès sa naissance, la IVe République est mal-aimée : des institutions adoptées par une minorité de Français, une pratique qui ne fera qu’accroître les faiblesses du régime.

Le général de Gaulle condamne les pratiques politiques de la Quatrième par une phrase cruelle : « des petits partis qui cuisent leur petite soupe au petit coin de leur feu » (discours de Vincennes, 5 octobre 1947).

Attaquée à gauche par un puissant Parti communiste, à droite par le Rassemblement du peuple français du général de Gaulle, la IVe République tente de survivre par les alliances fluctuantes des partis modérés, démocrates-chrétiens, socialistes et radicaux, coalitions qui recevront l’appellation de « troisième force ».

 

Reconstruction et modernisation

Qualifiée de « régime des partis » du fait de l’instabilité ministérielle (23 gouvernements en 11 ans) la IVe République a laissé l’image d’un régime d’impuissance et d’inertie. Les jugements portés sur elle par le général de Gaulle avant et après 1958 ne l’ont pas épargnée et même parmi son personnel politique, rares sont ceux qui ont pris sa défense tant la crainte d’être assimilé à sa mauvaise image était grande.

Son bilan est pourtant loin d’être négligeable. Sur le plan intérieur, elle a mené à bien et rapidement la reconstruction et la modernisation de l’économie française : électrification des voies ferrées, barrages hydro-électriques, recherche nucléaire, secteur aéronautique, politique en faveur du logement, politique sociale… Malgré la guerre d’Indochine, puis les événements d’Algérie, elle a accompagné la marche vers l’indépendance du Maroc puis de la Tunisie et préparé par un arsenal de lois et de réformes les futures indépendances de l’Afrique noire. Enfin et surtout, elle est à l’origine des premiers traités instituant une Communauté européenne. Cette œuvre a été réalisée dans un contexte international explosif qui a plusieurs fois mené le monde au bord d’une troisième guerre mondiale : affrontements des deux blocs, montée des nationalismes, du tiers-mondisme, émergence de la Chine populaire...

 

Les grands principes de la Constitution du 27 octobre 1946

Les grands principes de la Constitution de 1946 sont expliqués dans « Les institutions de la IVe République », Document d’études n°1.10, La Documentation française.

Elle comporte des apports qui ne sont pas négligeables, notamment un préambule qui reprend les principes de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et surtout qui inscrit des principes nouveaux d’ordre économique et social, dont la plupart figuraient dans le programme du Conseil national de la Résistance : droit d’asile pour les persécutés, égalité hommes/femmes « dans tous les domaines », droit d’obtenir un emploi, action syndicale, droit de grève, droit à la solidarité des plus démunis, droit à l’instruction... Préambule fortement marqué par les principes qui ont guidé la lutte contre le nazisme et par les difficultés économiques et sociales d’avant-guerre. Il témoigne aussi de l’effort mené par l’empire colonial pour la libération de la métropole et clairvoyant pour l’avenir en déclarant « La France entend conduire les peules dont elle a pris la charge à la liberté de s’administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires... ».

Le Parlement dispose de larges pouvoirs et a la primauté du titre II du texte constitutionnel, le Président de la République étant relégué en titre V. Il est composé de deux assemblées : l’Assemblée nationale, ex-Chambre des députés, et le Conseil de la République, ex-Sénat. La première est élue à la représentation proportionnelle, scrutin le plus démocratique mais qui a le désavantage de favoriser le multipartisme et de ne pas lier les états majors des partis politiques devant les électeurs. On vote pour un candidat ; le choix de soutenir ou pas le futur gouvernement est ensuite le fruit de tractations entre partis. La Constitution inscrit dans son article 4 les dispositions de l’ordonnance d’avril 1944 ouvrant le droit de vote aux femmes.

Article 4.

Sont électeurs (...) tous les nationaux et ressortissants majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.

L’Assemblée nationale vote seule la loi. Le Conseil de la République n’a qu’un rôle consultatif : il « examine pour avis les projets et les propositions de lois votées en première lecture par l’Assemblée nationale ». En cas de désaccord, l’Assemblée nationale a le dernier mot. Après 1954 une réforme rétablira une navette entre les deux chambres mais elle ne devra pas, en cas de désaccord, dépasser cent jours. De plus, le Conseil de la République n’a plus le pouvoir, comme sous la IIIe République, de censurer le gouvernement. Son rôle essentiel consiste tous les sept ans à participer à l’élection du Président de la République.

Le Président de la République est élu tous les sept ans par le Parlement qui est la réunion des deux chambres. Ses pouvoirs ne sont pas négligeables. Il nomme les hauts fonctionnaires, préside le Conseil des ministres, promulgue les lois, peut demander aux assemblées une nouvelle délibération des projets de lois, et désigne le président du Conseil des ministres, chef du gouvernement. Le Président de la République n’a pas le droit de dissolution de l’Assemblée nationale qui, très encadré, revient au président du Conseil.

Le Président du Conseil des ministres doit soumettre à l’Assemblée nationale le programme qu’il veut appliquer. Il n’est investi que s’il obtient alors la majorité absolue des votes des députés. Il assure l’exécution des lois et la nomination aux emplois civils et militaires qui ne sont pas de la compétence du chef de l’État. Président du Conseil et ministres sont collectivement responsables devant l’Assemblée nationale.

En résumé, la nouveauté de la IVe République est le rôle moindre accordé à la chambre haute. Le Président de la République comme le Président du Conseil ne sont pas dépourvus de pouvoirs face à l’Assemblée nationale. C’est la pratique mise en œuvre dès 1946 qui a amoindri leurs rôles.

 

Extrait du dossier d'actualité de la Documentation Française: Il y a 50 ans, le retour du général de Gaulle (mai-juin 1958)

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 09:28

Gérard Bouvier et Charles Pilarski, "Soixante ans d'économie française : des mutations structurelles profondes", Insee Première, juillet 2008 - N° 1201.

Durant les trente glorieuses, la croissance économique reposait de façon équilibrée sur la valeur ajoutée dégagée par l'industrie et la construction d'une part, les services d'autre part. Les services ont depuis acquis un rôle prépondérant. De fait, en soixante ans, l'emploi est devenu en grande majorité tertiaire et salarié. Le premier choc pétrolier marque une cassure : avant 1974, la croissance était plus forte et s'appuyait sur des gains de productivité beaucoup plus soutenus. Par la suite, le ralentissement de la productivité s'est transmis aux gains salariaux. Le taux de marge des entreprises a reculé sous l'impact des chocs pétroliers de 1974 et 1979, plus rapidement dans l'industrie que dans les services. Il s'est ensuite redressé durant les années 1980.

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 17:51

Les deux textes qui suivent sont deux sujets de type « explication d'un document en histoire" (2ème partie de l'épreuve).
Il s'agit de deux discours prononcés pendant le débat d'investiture du gouvernement de Gaulle le 1er juin 1958.  Le premier est un extrait du discours  de de Gaulle et le second celui de Pierre Mendés France.
Ces deux textes permettent de mettre en valeur deux analyses de la situation politique et deux conceptions politiques du fonctionnement des institutions républicaines.

Les suites de la crise du 13 mai 1958
La guerre d'Algérie dure depuis quatre ans. Des troubles ont éclaté à Alger auxquels participe l'armée pour maintenir l'Algérie française. Des généraux se rallient à l'émeute algéroise qui réclame le retour de de Gaulle Le général de Gaulle est nommé président du Conseil par René Coty le 29 mai.


Discours d'investiture de Charles de Gaulle, président du Conseil, à l'Assemblée nationale, le 1er juin 1958.
« La dégradation de l'État qui va se précipitant. L'unité française immédiatement menacée. L'Algérie plongée dans la tempête des épreuves et des émotions. (...) Dans la métropole des mouvements en sens opposé renforçant d'heure en heure leur passion et leur action. L'armée, longuement éprouvée par des tâches sanglantes et méritoires, mais scandalisée par la carence des pouvoirs. Notre position internationale battue en brèche jusqu'au sein même de nos alliances. Telle est la situation du pays. En ce temps même où tant de chances, à tant d'égards, s'offrent à la France, elle se trouve menacée de dislocation, et peut-être, de guerre civile.
C'est dans ces conditions que je me suis proposé pour tenter de conduire, une fois de plus au salut le pays, l'État, la République et que, désigné par le chef de l'État, je me trouve amené à demander à l'Assemblée nationale de m'investir pour un lourd devoir.
(...) Mais ce ne serait rien que de remédier provisoirement, tant bien que mal, à un état de choses désastreux, si nous ne nous décidions pas à en finir avec la cause profonde de nos épreuves. Cette cause -l'Assemblée le sait et la Nation en est convaincue-, c'est la confusion et par là même l'impuissance des pouvoirs. Le Gouvernement que je vais former, moyennant votre confiance, vous saisira sans délai d'un projet de réforme (...) [de l'article 90] de la Constitution, de telle sorte que l'Assemblée nationale donne mandat au Gouvernement d'élaborer, puis de proposer au pays, par la voie du référendum, les changements indispensables. Au terme de l'exposé des motifs qui vous sera soumis en même temps que le texte, le Gouvernement précisera les trois principes qui doivent être, en France, la base du régime républicain et auquel il prend l'engagement de conformer son projet. Le suffrage universel est la source de tout pouvoir. Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés, de façon que le Gouvernement et le Parlement assument, chacun pour sa part et sous sa responsabilité, la plénitude de ses attributions. Le Gouvernement doit être responsable vis-à-vis du Parlement. »

Les grands discours parlementaires de la Quatrième République, de Pierre Mendès France à Charles de Gaulle, textes présentés par Sabine Jansen, Armand Colin, Collection d'histoire parlementaire, 2006.


Le régime des partis facteur de la crise
De Gaulle attribue la crise que traverse le pays à deux principales causes. D'une part, les gouvernements successifs se sont révélés incapables de régler le conflit algérien, conduisant à un enlisement. D'autre part, et plus profondément, la crise s'explique par l'organisation des pouvoirs prévue dans la Constitution de la IVème République, c'est-à-dire à la faiblesse de l'exécutif, à un régime d'assemblée et de coalitions (régime des partis). DG repend ainsi des arguments qu'il avait déjà développé dans son discours de Bayeaux, le 16 juin 1946.

Changer de république
De Gaulle annonce un projet de réforme de la constitution de la IVème République de manière à lui permettre d'élaborer puis de présenter au pays par voie de référendum, une nouvelle constitution, donc d'instituer une nouvelle République. Comme souvent dans l'histoire de la France, le changement de régime fait suite à une crise grave (guerre civile, défaite militaire).

De nouvelles institutions
De Gaulle entend fonder la nouvelle république sur trois principes qu'il considère comme la base « du régime républicain » : le suffrage universel,  la séparation des pouvoirs  et et responsabilité du gouvernement devant le Parlement. Il s'agit pour lui de  renforcer le pouvoir exécutif pour qu'il puisse avoir une marge de manœuvre plus importante que sous la IVème République.

La fondation de la Vème République
De Gaulle a mis en oeuvre ces principes en proposant aux Français par référendum, le 28 septembre 1958, une nouvelle constitution pour une cinquième République avec un pouvoir législatif amoindri et un pouvoir exécutif renforcé. 


Allocution de Pierre Mendès France devant l'Assemblée nationale, le 1er Juin 1958.« Mesdames, mes chers collègues, dans cet instant émouvant où nous allons prendre ensemble une lourde responsabilité, nos pensées se portent à la fois vers le passé et vers l'avenir. Vers le passé, car cette séance va mettre un terme à une période de notre histoire ; vers l'avenir, car un nouveau chapitre de cette histoire va être écrit par un homme qui y occupe déjà une place illustre et parce que chacun ici - ceux qui vont voter pour, comme ceux qui vont voter contre - doit souhaiter de toutes les forces de son patriotisme que la France connaisse demain, sous une magistrature nouvelle, le redressement, ici comme dans l'outre-mer, que nous attendions depuis si longtemps et pour lequel un certain nombre d'entre nous ont conscience d'avoir combattu sans relâche.
Le passé ?
La IVème République périt de ses propres fautes. Ce régime disparaît parce qu'il n'a pas su résoudre les problèmes auxquels il était confronté. Après la Libération, son patrimoine, resté presque intact, largement grâce à de Gaulle, autorisait l'espérance et le succès. La France, ardente et optimiste, semblait destinée à un avenir digne de sa tradition. Il lui fallait du courage et de la foi. Elle en avait. Il lui fallait aussi des dirigeants courageux et clairvoyants.
Les tâches à accomplir étaient rudes, mais elles étaient à l'échelle de ses moyens. Deux surtout étaient décisives pour son avenir.
La reconstruction, ou plutôt, la construction d'un pays plus moderne, plus jeune, plus dynamique, le redressement économique, financier et monétaire, gage du progrès social à l'intérieur et de l'indépendance au dehors. C'était la première série de questions à résoudre.
Mais la conversion de l'ancien empire colonial était notre plus grande, notre plus difficile responsabilité, seule une voie novatrice, ouvrant la voie à l'émancipation progressive, pouvait amener et même renforcer les liens unissant des peuples et des territoires qui aujourd'hui, autant et plus qu'hier, ont besoin les uns des autres (...)
Le « système » que le général de Gaulle a si souvent critiqué et qui méritait, en effet, bien des critiques, a échoué.
Mais ce n'est pas la démocratie qui a échoué, car c'est pour n'avoir pas respecté ses principes, que nous en sommes là aujourd'hui. (...)
(...) Je ne puis admettre de donner un vote contraint par l'insurrection et la menace d'un coup de force militaire. (...) Le consentement que l'on va donner est vicié. »


Pierre Mendès France, une figure de la gauche radicale
 Pierre Mendès France (PMF) est membre du parti radical-socialiste, donc une figure de la gauche non communiste. Il  a débuté sa carrière politique sous la IIIème République. Arrêté et jugé par le gouvernement de Vichy en 1940, il s'est évadé et a rejoint les rangs de la France libre.  Il a été ministre de l'économie du général de Gaulle à la Libération au sein du Gouvernement provisoire. Président du Conseil en 1954-1955, il a négocié les accords de Genève qui ont mis fin à la 1ère guerre d'Indochine, engagé le dialogue avec les nationalistes tunisiens et mis fin aux querelles concernant la question de la Communauté européenne de défense ( CED ). Cependant il a été renversé par une coalition de mécontents et n'est pas parvenu à réformer les institutions de la Quatrième République.

Les causes de l'échec de la IVème République selon PMF
L'échec de la IVème République ne doit être imputé ni à la République, ni au « système parlementaire » qui restent pour PMF des fondements de la démocratie. Il met en cause les pratiques politiques. Il porte un jugement sévère sur les défauts de la IVème République et rejoint en cela les critiques du général de Gaulle,  c'est-à-dire l'instabilité ministérielle et le jeu des partis. La IVème république disparaît également en raison de l'ampleur des problèmes politiques: l'existence d'un Parti communiste puissant perçu comme une menace dans le contexte de la guerre froide ; l'opposition résolue du général de Gaulle et des gaullistes au régime d'assemblée ; l'enlisement, après la défaite française en Indochine, dans une seconde guerre coloniale en Algérie.

Le refus d'investir de Gaulle
En républicain, PMF refuse d'investir DG car il  est revenu au pouvoir dans des conditions mettant gravement en cause la démocratie. PMF ne peut accpter de céder devant l'émeute du 13 mai 1958 déclenchée à Alger par les activistes et les militaires partisans de l'Algérie française. Ce comité, en refusant de reconnaître le gouvernement de Pierre Pflimlin investi par l'Assemblée nationale et en réclamant la formation d'un gouvernement de salut public présidé par le général de Gaulle, était entré ouvertement en dissidence contre le pouvoir légal. 

La question algérienne
Au début de l'insurrection algérienne, PMF était  Président du Conseil. Sa politique de réformes libérales visant à intégrer la population musulmane a échoué face  à l'opposition des partisans de l'Algérie française. C'est pourquoi PMF  doute de la capacité du général de Gaulle à mettre fin à la guerre d'Algérie, d'autant qu'il est revenu au pouvoir que grâce à la pression des activistes.

Le rétablissement de la légalité républicaine
A l'issue de ce débat d'investiture, le général de Gaulle a été légalement investi à une très large majorité ( 329 voix pour, 224 contre ) dans la fonction de président du Conseil, avec les pleins pouvoirs pour agir en Algérie, mais aussi pour proposer et faire adopter une nouvelle Constitution.  Les députés gaullistes ( Républicains sociaux ), les députés de la droite ( indépendants, poujadistes ), les députés du Mouvement républicain populaire ( MRP ) et près de la moitié des députés socialistes ont voté pour de Gaulle. Les députés communistes, un peu plus de la moitié des députés socialistes et des députés radicaux, dont PMF , et François Mitterrand, député de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance ( UDSR ) ont voté contre.
Les craintes exprimées par PMF  le 1er juin 1958 ont été finalement démenties par les faits. Dernier président du Conseil de la IVème République, puis premier président de la Vème République, de Gaulle s'est efforcé de respecter scrupuleusement les règles constitutionnelles pour tenter d'effacer le souvenir du coup de force qui avait créé les conditions de son retour au pouvoir en 1958. En faisant face au putsch des généraux de 1961, il « a éliminé le péril fasciste ». En acceptant de négocier avec le Front de libération nationale ( FLN ) l'indépendance de l'Algérie acquise en 1962 au terme des accords d'Evian ratifiés par référendum, il a mis fin à une guerre coloniale qui avait entraîné la perte de la IVème République.

 

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 17:12

 

« Née dans l'équivoque d'une révolution manquée et d'une victoire douteuse, la IVe République avait reçu en héritage les manies et les travers de la IIIe, morte six ans plus tôt dans la ruine et l'opprobre. Elle collectionna les crises ministérielles et jongla avec ses présidents du Conseil, vedettes d'un jour. Les crises firent se succéder à la direction du gouvernement des présidents bons pour un mois, trois mois, six mois. M. Guy Mollet battit un record de durée déjà vieux en demeurant à l'Hôtel Matignon plus d'une année et demie. (...) L'Assemblée nationale se lassait-elle des hommes à ce point qu'elle ne pouvait les supporter plus longtemps qu'un modeste bail ? (...) Rarement dynamique, souvent peureuse, toujours prudente, la IVe République assura sa permanence par des méthodes de gouvernement qui laissèrent croire que la France de la deuxième après-guerre avait choisi d'ignorer le monde bouillonnant et désordonné d'alentour. (...)

Dans une société universelle où il ne se serait rien passé, où il n'y aurait eu ni Amérique, ni Russie, ni ouvriers, ni patrons, ni colonies, ni émancipation, ni bombe atomique, ni rampe de lancement, ni monnaie, ni prix, ni air, ni eau, ni feu, notre politique eût été admirable. On l'eût offerte en exemple au monde puisque rien ne pouvait la surprendre. Mais de l'événement, que faire ? Indochine, Tunisie, Maroc, Algérie, salaires, franc, cela bougeait, menaçait, corrompait l'équilibre le plus savant. (...) Ainsi furent anéanties les chances du régime qui avait pansé les plaies de la deuxième guerre mondiale avec une rare intelligence et donné pour vingt ans un vigoureux élan au développement économique et social de la France. « Les ministres de la Ve République n'ont pas assez de dimanches pour inaugurer les réalisations de la IVe », ajustement observé Félix Gaillard (1). Mais la toute-puissance d'un clan appuyée sur des lois électorales suspectes avait bloqué les rouages du système qui régissait la France, pays où les opinions sont si diverses et si nuancées qu'aucune d'entre elles ne peut espérer l'emporter assez nettement par le suffrage universel pour gouverner par ses seuls moyens. Tout fut donc coalition, conciliation, compromis. De ce compromis naquit l'étrange, l'extraordinaire, l'équivoque stabilité qui condamna la République parlementaire à dépérir lentement avant de disparaître, d'un coup et sans fracas.

 

François Mitterrand, « Le Coup d'État permanent », Plon, 1964.

 

(1) Félix Gaillard, président du Conseil de novembre 1957 avril 1958.

 

Questions :

 

1. Présentez l'auteur et sa position politique en 1964 ;

2. Quelles sont les critiques formulées par François Mitterrand sur le fonctionnement des institutions de la IVe République ?

3. Montrez que  la  politique  extérieure  de  la  France  s'est  ajoutée  aux difficultés  internes  de  la IVe République ?

4. Le bilan que dresse François Mitterrand de la IVe République est-il seulement négatif ? Justifiez votre réponse

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 16:53

La naissance de la Ve République en 1958  s'est faite dans des circonstances très troubles et elle est une conséquence directe de l'incapacité de la IVe République à régler la question algérienne.  La crise du 13 mai 58 cristallise toutes les contradictions et les tensions nées de la guerre d'Algérie.
Le 13 mai 1958, Pierre Pflimlin (MRP) accepte de former un gouvernement. Il incarne une politique de négociations avec le FLN. Cette possibilité inquiète les Français d'Algérie.  Or, le même jour, des Français d'Algérie manifestent afin de protester contre l'exécution de trois prisonniers français par le FLN. La manifestation tourne à l'émeute : le siège du Gouvernement général d'Alger est pris d'assaut. En fait, cet quasi insurrection a été organisée par plusieurs activites pro-Algéroe Française Robert Martel, Joseph Ortiz, patron de la Brasserie du Forum à Alger et Pierre Lagaillarde, avocat, réserviste parachutiste et président de l'Association générale des étudiants d'Algérie). Une opération intitulée « Résurrection » est envisagée afin de lancer les parachutistes basés en Corse et venus d'Algérie de prendre de contrôle de la capitale.

Les émeutiers sont rejoints le soutien des plus hauts gradés de l'armée, le général Massu et le général Salan qui créent  un Comité de Salut Public. L'armée se politise et menace de se rebeller contre l'autorité civile. Au soir du 13 mai, Félix Gaillard confie tous les pouvoirs à l'armée qui les conservera jusqu'en octobre 1958.
Massu, fort de sa popularité, accepte la présidence d'un Comité de Salut Public, un autre gaulliste Léon Delbecque étant vice-président. Le CSP entend exercer le pouvoir en Algérie jusqu'à ce qu'un gouvernement pro-Algérie française s'installe à Paris.
Le 15 mai, le général Salan  lance au balcon de Gouvernement général : « Vive de Gaulle ! » que la foule reprend.
La situation politique se dégrade davantage lorsque le 24 mai la Corse se soulève à son tour  et forme un Comité de Salut Public qui se met du côté des insurgés d'Alger.  Une fois encore, les gaullistes favorables au retour de De Gaulle sont à la manœuvre. En métropole, l'inquiétude gagne l'opinion et la gauche dénonce une menace fasciste.
Le 29 mai 1958 le président de la République René Coty annonce son intention d'appeler De Gaulle au gouvernement.
L'insurrection d'Alger permet donc le retour de De Gaulle au pouvoir. Le 1er juin, il constitue son gouvernement.

Le retour du général De Gaulle est donc entaché d'irrégularités et de zones troubles. L'insurrection d'Alger et le projet d'invasion de la métropole  ont été utilisé par les partisans de De Gaulle pour organiser son retour au pouvoir.
Le vote d'investiture de De Gaulle à l'Assemblée Nationale n'est pas totalement légitime puisqu'à cette date il n'est même pas député.
Cependant, De Gaulle recevra l'onction du suffrage populaire avec le référendum de septembre 1958 sur les nouvelles institutions. Ainsi, sa légitimité, dans un premier temps hypothéquée par les conditions de son retour au pouvoir, se verrat-telle confirmée.

Le 13 mai 58 a plusieurs conséquences :
La fin de la IVe République et la naissance de la Ve République (28 septembre 1958)
La politisation de l'armée sui conduira au « putsch des généraux à Alger en 1961.

 

 

René Rémond, « Le 13 mai 1958 », L'Histoire, n° 1, mai 1978.
René Rémond, 1958, le retour de de Gaulle, Éditions Complexe, Nouv. éd 1999.
Michel Winock, 13 mai 1958, l'agonie de la IVème République, Gallimard/"Les journées qui ont fait la France, 2006.

 

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 22:51

 

Un mode de scrutin désigne la manière dont on organise des élections et dont on compabilise et répartit les voix. Il existe 2 grands modes de scrutin :

Le mode de crutin proportionnel est celui utilisé sous la IVe république

Le mode de crutin uninominal à 2 tours est celui utilisé sous la Ve république

 









Le mode de crutin proportionnel

 

Le système de liste à représentation proportionnelle permet à chaque parti politique d'obtenir un nombre de sièges proportionnel au nombre de voix. Il reflète davantage la diversité de l'électorat et rend impossible la prédominance exclusive d'une formation politique qui n'aurait pas le soutien d'une majorité dans le pays. Le gouvernement de coalition, s'il rassemble des partis trop éloignés idéologiquement, rend plus difficile la mise en place de grandes réformes.

Un des désavantages certains du scrutin proportionnel est qu'il morcèle le paysage politique.

 


Le mode de scrutin uninominal majoritaire

Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours est un vote simple : l'électeur doit choisir un candidat parmi plusieurs. On compte alors le nombre de voix obtenues par chaque candidat. Si un candidat recueille la majorité absolue (plus de 50% des suffrages exprimés) il est élu. Sinon, on organise une seconde élection à l'issue de laquelle est élu celui qui recueille le plus de voix (majorité relative) parmi les suffrages exprimés.

 












Pour des exemples d'application:
http://www.sdv.fr/elections/decryptage/figaro/scrutins.html#PROP

  
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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 19:57

De Gaulle contre les projets constitutionnels du Tripartisme


Le discours du 16 juin 1946 est l'un des plus importants discours du général de Gaulle.
Le 20 janvier 1946, il a démissionné de la présidence du gouvernement, notamment en raison de ses désaccords sur les institutions avec les partis politiques du tripartisme (PCF, SFIO et MRP).
La déclaration du général de Gaulle à l'Assemblée constituante, le 1er janvier 1946 montre les divergences politiques profondes qui existent entre lui et les principaux partis.


 

« Je me demande quelle étrange conception l'orateur [le socialiste André Philipp] se fait du Gouvernement de la République! Il nous dit : " Dans la matière grave qu'est celle des crédits de la Défense nationale, le Gouvernement considère une chose comme nécessaire L'Assemblée ne veut pas la reconnaître comme telle. Le Gouvernement n'a qu'à en prendre son parti."
La même question s'est posée hier à propos des fonctionnaires et avant-hier à propos de la nationalisation du crédit. Elle se posera demain sur n'importe quelle autre question.
Or, ce régime d'une Assemblée qui gouverne elle-même, (...) ce régime est concevable, mais ce n'est pas celui que conçoit le Gouvernement. Je ne l'ai jamais caché en prenant les fonctions que vous avez bien voulu m'attribuer (...).
Veut-on un Gouvernement qui gouverne ou bien veut-on une Assemblée omnipotente déléguant un Gouvernement pour accomplir ses volontés ? (...)
La formule qui s'impose, à mon avis, après toutes les expériences que nous avons faites, c'est un Gouvernement qui ait et qui porte seul - je dis : seul - la responsabilité entière du pouvoir exécutif.
Si l'Assemblée, ou les Assemblées, lui refusent tout ou partie des moyens qu'il juge nécessaires pour porter la responsabilité du pouvoir exécutif, eh bien! ce Gouvernement se retire. Un autre Gouvernement apparaît. C'est d'ailleurs, me semble-t-il, ce qui va justement arriver (...). »
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, III, Le Salut, Paris, Plon, 1959.


Dans cet échange avec les députés, DG souligne sa conception de l'exercice de la responsabilité gouvernementale : il refuse l'idée d'un régime parlementaire ou d'assemblée dans lequel le gouvernement est le simple exécutant des volontés parlementaires ; il affirme la nécessité d'un gouvernement responsable et doté d'une autorité incontestée.

« Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations. Sans doute aura-t-il fallu, pendant la période transitoire où nous sommes, faire élire par l'Assemblée nationale constituante le président du gouvernement provisoire, puisque, sur la table rase, il n'y avait aucun autre procédé acceptable de désignation. Mais il ne peut y avoir là qu'une disposition du moment. En vérité, l'unité, la cohésion, la discipline intérieure du gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline, seraient elles maintenues à la longue, si le pouvoir exécutif émanait de l'autre pouvoir, auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n'était, à son poste, que le mandataire d'un parti ?C'est donc du chef de l'État, placé au dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de l'Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant au choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement. A lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du gouvernement. Au chef de l'État la fonction de promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. A lui la tâche de présider les Conseils du gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe pas. A lui l'attribution de servir d'arbitre au dessus des contingences politiques, soit normalement par le Conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des élections sa décision souveraine. A lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le garant de I'Indépendance nationale et des traités conclus par la France. »

Commentaire:

« 
Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations"
DG refuse la prééminence du pouvoir législatif sur le pouvoir executif. Contrairement aux conceptions des principaux partis (PC, SFIO et MRP), le pouvoir exécutif nedoit pas procéder du pouvoir législatif. Il refuse donc l'instituer un régime parlementaire pur.

"C'est donc du chef de l'État, placé au dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de l'Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif."
Pour DG, il est nécessaire de créer une fonction présidentielle forte. Son mode de désignation doit lui donner une autorité et un légitimité incontestables et ne procédant pas uniquement du Parlement. C'est ce président qui doit incarner et diriger le pouvoir exécutif. [A cette date, DG n'évoque pas la désignation du président au suffrage universel direct. Ce n'est qu'en 1962 qu'il  proposera cette réforme]

"Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant au choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement. A lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du gouvernement."
Le président de la République, dotée d'une autorité et d'une légitimité incontestées, doit nommer le 1er ministre et les ministres. Ensuite, le Parlement peut donner son avis (vote de confiance).L'autorité du gouvernement ne procéde plus du Parlement.

"Au chef de l'État la fonction de promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens."
Le Président doit détenir les pouvoirs de promulgation des lois [rendre effective une loi] et de prise des décrets [texte législatif applicable sans vote du Parlement].

"A lui la tâche de présider les Conseils du gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe pas."
Le Président doit présider les Conseils des ministres, donc, d'une certaine manière, intervenir et controler dans le fonctionnement du gouvernement.

"A lui l'attribution de servir d'arbitre au dessus des contingences politiques"
Le président doit se situer au-dessus de la vie politique quaotidienne afin de jouer le rôle d'arbitre.

Au total, le discours de Bayeux dresse les contours d'une consitution très différente de cette d'octobre 1946. DG préconise un pouvoir exécutif fort et fondé sur la fonction présidentielle.

Deux ans après le débarquement de Normandie de Gaulle une ville symbole pour s'exprimer. Bayeux a été en effet la première ville libérée par les Alliés et la ville où il a fait son entrée sur le territoire français en juin 1944.
A cette date, un premier projet de Constituante a été rejeté par le peuple français le 5 mai. La France se trouve sans gouvernement car Félix Gouin a démissionné à son tour.
Une seconde Constituante doit se réunir.


Discours de Bayeux, 16 juin 1946
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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 19:00

Le 13  mai 1958, la IVe République est morte victime d'un coup de force déclenché à Alger par les partisans de l'Algérie française, et récupéré par les gaullistes au profit du général de Gaulle.

L'historien Maurice Aghulon souligne les origines gaullistes de la légende noire de la Quatrième République :
« La Quatrième n'a pas bonne réputation. L'opinion dominante, plus ou moins influencée par le prestige du général de Gaulle, tend à associer son nom à celui de ses fameuses instituions qui seraient la principale cause de ses incapacités, et contre lesquelles, en tous cas, ont été forgées les institutions réputées bonnes de la Cinquième » [Maurice Aghulon, « Quatrième République. Note sur la périodisation », Historiens & Géographes, n° 357, mai 1997, p. 161].

Cette légende gaulliste, puis le ralliement de la plupart des partis politiques aux institutions nées en 1958 ont contribué à faire de la IVe République un repoussoir. DG lui-même n'est pourtant pas totalement étranger à cette république puisqu'il en a été deux fois le chef (août 1944 à janvier 1946 ; 1er juin au 28 septembre 1958).

Aussi faut-il nuancer le portrait, souvent trop négatif, de cette brève  République.


Des faiblesses institutionnelles

L'absence de consensus originel
Le rétablissement de la République dans la France libérée en 1944 n'a pas débouché sur le renaissance de la IIIe République mais sur un nouveau régime. Les divergences entre les acteurs politiques et les aspirations des Français expliquent que la constitution ne soit adoptée qu'au terme de 2 assemblées constituantes et de 3 référendums.
En octobre 1946, les Français adoptent sans enthousiasme et de justesse ( plus de 30 % d'abstentions et 53 % seulement de OUI ), une nouvelle constitution.
Cette constitution résulte d'un compromis élaborée par le PCF, la SFIO et le MRP associés dans le cadre du Tripartisme. Elle est rejetée par de Gaulle dans son discours de Bayeux de 1946.

Des gouvernements impuissants
La Constitution de 1946 restaure  à un régime d'assemblée du type de celui de la IIIe République pourtant massivement rejeté en 1945. Elle est affaiblie par une instabilité ministérielle chronique: 24 gouvernements de 1947 à 1958, de durée très inégale ( 1 jour à 16 mois ). Cette instabilité s'explique par 4 facteurs :
1. Avec l'adoption du scrutin proportionnel, aucun parti ne dispose de la majorité à l'Assemblée.  D
es coalitions fragiles se font et se défont au gré des circonstances.
2. La pratique de la « double investiture » affaiblit les gouvernements.
3. Le droit de dissolution  n'est utilisé qu'une seule fois par Edgar Faure en 1955.
4. Le consensus fragile qui avait présidé à la naissance de la IVe République s'est effondré dès 1947 dans le contexte de la guerre froide, avec l'exclusion des ministres communistes. Le rejet dans l'opposition, par la Troisième force, des communistes ( PCF premier parti de France en voix, fixant 1/4 de l'électorat durant toute la IVe République) et des gaullistes ( RPF premier parti de France en sièges en 1951 ), ne permet pas la formation de majorités fortes et stables.

Les tentatives de renouveau amorcées par Mendès France en 1954 échouent.


Une République modernisatrice


A l'issue de la guerre, la France est dans une situation économique désastreuse ( destructions, pénuries, effondrement de la production, paralysie des transports, dette). La IVe République parvient à reconstruire la pays grâce à de profondes réformes.


Les réformes de structure
Inspirée par le programme du Conseil national de la Résistance, l'impulsion de l'État devient déterminante :
- les nationalisations : instrument d'une modernisation rapide des secteurs de base, elles concernaient les charbonnages, l'électricité, les transports aériens, le crédit et les assurances.
- la planification : de 1947 à 1952, le 1er Plan de modernisation et d'équipement ou Plan Monnet, a orienté les efforts de la reconstruction en l'inscrivant dans la perspective d'une croissance à plus long terme. Le 2ème Plan ( 1954-1957 ) s'est élargi à d'autres secteurs et a ébauché les premières actions d'aménagement rural et de décentralisation industrielle.
- les progrès sociaux : prolongement de ces réformes de structure, des mesures ont été prises sur le plan social avec l'institution de la sécurité sociale, la création des comités d'entreprise, et le développement des prestations familiales.

Le début des « Trente Glorieuses »
La reconstruction est loccasion d'une modernisation. Par exemple, équipement hydro-électrique : barrage de Genissiat sur le Rhône. Fusion dans la sidérurgie : 1949 (Usinor et Sidélor). A partir des années 1950, la croissance économique forte est tirée par des secteurs moteurs : électricité, raffinage du pétrole (étang de Berre), le BTP (énorme pénurie après guerre) et surtout par les industries de consommation : automobile avec de très grands succès (la 4 CV pour Renault et la 2 CV pour Citroën); l'équipement électroménager.

Les transformations de la société

L'élévation du niveau de vie de la population accompagne la croissance. Elle est stimulée par la création en 1950 du SMIG ( salaire minimum interprofessionnel garanti ), et par l'augmentation des prestations sociales. La France a fait son entrée dans la société de consommation et la civilisation de l'automobile, symbolisée par le succès de la populaire 4 CV Renault. La croissance urbaine, alimentée par l'exode rural, s' intensifie au profit principalement de la région parisienne. La tertiairisation de la société est amorcée, s'accompagnant de l'essor des classes moyennes et de l'entrée des femmes dans la vie active.


Les choix de la politique étrangère


L'atlantisme
La progressive prise en compte de la Guerre froide : en 1945, dirigeants français convaincus que l'Allemagne : ennemi héréditaire qu'il faut démembrer pour l'empêcher de nuire à nouveau. Projets de démembrement français se heurtent aux choix différent des Alliés. Cependant, à partir de 1947 et plus encore du coup de Prague de février 1948, retournement : le communisme, et par là l'URSS, devient l'ennemi principal. D'où choix de l'Alliance atlantique en 1949.

Le choix de la construction européenne
Dans une certaine mesure, c'est la conséquence de la guerre froide, même si de grands projets européens existent. Le choix européen est le fait des hommes du Tripartisme et notamment du MRP, et à un moindre degré des socialistes. Ils trouvent des relais chez leurs voisins européens avec De Gasperi, Adenauer, et le socialiste Paul Henri Spaak en Belgique.

Cependant, il existe aussi des adversaires de la construction européenne : les communistes et les gaullistes : au nom de la souveraineté française, par anti-germanisme (très net chez le PC). Par anti-capitalisme  (Europe du grand capital) et anti-américanisme  (portée anti-soviétique de la construction européenne).

Il y a 3 étapes marquantes dans ce projet européen :
- naissance de la CECA en 1951 : à l'origine, c'est un projet de Jean Monnet pour dépasser l'antagonisme franco-allemand qui est repris par Schuman, ministre des Affaires Étrangères. La proposition française est acceuillie avec enthousiasme par le Benelux, l'Italie et la RFA. Il aboutit à la mise en place d'un marché commun du charbon et de l'acier.
- l'échec de la CED : à l'origine, c'est un plan français (Pléven) de création d'une armée européenne sous commandement de l'OTAN, ce qui suppose de réarmer l'Allemagne. Le projet suscite un débat passionné en France. Le PCF et les gaullistes font campagne contre. Finalement, le projet est repoussé en 1954.
- en 1957, signature du traité de Rome qui donne naissance à la CEE et à Euratom.


L'échec colonial et la chute


La faiblesse et l'aveuglement des dirigeants français
La IVe République est immédiatement confrontée au problème colonial (8 mai 1945, insurrection de Setif et Gulma). On peut expliquer l'enlisement de la IVe République dans les conflits coloniaux  par 4 éléments :
1. Une mauvaise lecture du rapport de force international et un complexe de grande puissance : la France, grande puissance qui a les moyens de conserver son empire et de se faire respecter. (cf. Suez, 1956).
2. Une incapacité à dialoguer avec un adversaire dont on dénie la représentativité.
3. L'incapacité à imposer une politique aux milieux coloniaux: statut de l'Algérie, en 1947, avec élections truquées par le gouverneur Naegelen en 1948 pour le collège musulman. On privilégie la manière forte : la répression, Algérie, 1945 et 1954 ; Madagascar, 1947.
4. Une lecture politique des événements biaisée par la guerre froide : mouvements indépendantistes = communistes = ennemis à double titre.

De longs conflits coloniaux
La guerre d'Indochine (1946-1954)
La guerre d'Algérie jusqu'en 1958 :  importance de l'activisme des milieux algérois, traditionnellement d'extrême-droite auquel s'ajoute le souhait des militaires d'un retour au pouvoir de DG : le 13 mai aboutit à ce que Salan préside le Comité de Salut Public et l'armée a envisagé et préparé une opération de parachutage sur la métropole (opération "Résurrection").
DG mè,ne un jeu subtile: donner le coup de grâce à la IVe République, sans revenir au pouvoir par la force. Il est investi le 1er juin et obtient l'accord pour réformer les institutions. Il est le
dernier président du conseil de la IVe et en est le fossoyeur.

La IVe République n'est parvenue ni à doter la France d'institutions solides et stables, ni à lui épargner l'alignement sur les États-Unis, ni à mener à son terme la décolonisation. Elle a échoué parce qu'elle a été confrontée à deux problèmes très difficiles, la guerre froide et la décolonisation, problèmes qu'elle a été incapable de surmonter, à cause de l'impuissance politique qui découlait de la nature même de ses institutions. Mais elle a créé les conditions d'une reconstruction rapide de notre pays, elle a assuré les fondements de la croissance des « Trente Glorieuses » et elle a engagé durablement la France dans la construction européenne.

   

 

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