Cette décision marque un tournant dans l'histoire de la diplomatie française.
1966 : la France quitte le commandement intégré de l'OTAN
Légende Le 21 février 1966, le général de
Gaulle donne, au Palais de l'Élysée, une conférence de presse au cours de laquelle il annonce le retrait de la France de la structure militaire intégrée de l'Organisation du traité de
l'Alliance Nord (OTAN).
Le texte de la conférence de presse ici.
Dès septembre 1958, le président français Charles de Gaulle avait adressé un mémorandum à ses homologues américain
Dwight D. Eisenhower et britannique Harold Macmillan afin d'exposer les axes de la politique française:
- un élargissement à l'échelle mondiale du champ d'action de l'Alliance atlantique afin, notamment, de couvrir des zones géographiques dans lesquelles la France conserve des intérêts
particuliers.
- la création d'un directoire tripartite de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) associant sur pied d'égalité la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis pour mener les
discussions de stratégie atomique.
En cas de refus de la part de ses partenaires, la France, qui souhaitait conserver le contrôle absolu de ses forces armées, se réservait le droit de se retirer de l'OTAN.
Cette politique était liée à la question européenne. De Gaulle cherchait en effet à tirer profit d'un renforcement de sa position au niveau atlantique pour renforcer son influence au sein des
Six sur la base d'un axe franco-allemand. Il espèrait également développer la coopération politique et stratégique européenne afin d'inciter les États-Unis à accepter les plans français de
réforme de l'Alliance atlantique.
Une décision controversée
La décision de Nicolas Sarkozy a suscité un débat intense, y compris au sein de la majorité présidentielle. la
décision de 1966 avait débouché sur un consensus, la gauche s'étant ralliée finalement à la position gaullienne.
Les critiques formulées à l'encontre du retour de la France au sein du commandement intégré sont de trois types:
1. La question de la défense européenne
L'Europe de la
défense - Dominique Vidal, "Ce que voulait de Gaulle en 1966",
Le Monde Diplomatique, avril 2008.
En quittant le commandement militaire intégré de l'OTAN, le général de Gaulle cherchait moins à réformer l'Alliance qu'à redéployer la politique étrangère de la France en toute
indépendance.
En marche depuis 1998, l'Europe de la
défense se concrétise à partir de 2003 avec notamment la mise en place d'une force de réaction rapide et la conduite d'opérations militaires européennes. Le développement de la politique
européenne de sécurité et de défense (PESD) doit cependant surmonter de nombreux obstacles : différences d'appréciation entre Etats sur des questions internationales, sur les relations avec
l'OTAN, contraintes budgétaires...
2. La question de l'élargissement de l'OTAN et de la Russie
L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a été créée au début de la guerre
froide par le traité de Washington, comme l'instrument politique et militaire de l'alliance transatlantique, conçue et équipée pour empêcher l'invasion des pays d'Europe occidentale par
l'Union soviétique et ses alliés. L'OTAN, loin de disparaître à la fin de la Guerre froide et après l'effondrement de l'Union soviétique, s'est élargie à de nouveaux membres et à de nouvelles
missions.
3. La question de l'indépendance diplomatique
- Paul-Marie de La Gorce, "Retour honteux de la France dans l'OTAN", Le Monde Diplomatique, janvier 1996.
Annoncée en pleine grève, le 5 décembre dernier, la réintégration de la France au sein du conseil des ministres et du comité militaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est passée quasiment inaperçue. Or cette décision tourne la page ouverte en 1966 par le général de Gaulle avec le retrait de l'organisation militaire intégrée de l'Alliance. Aboutissement d'un rapprochement progressif engagé dès les années 70, cet acte politique majeur s'appuie sur des arguments fallacieux.
Deux points opposés sur la réintégration dans l'OTAN
Les réserves de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine.
Les arguments de M. Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l’OTAN.