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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 19:07

citroen1982.jpgLes documents qui suivent sont destinés à compléter ou illustrés par des exemples certains points de la leçon portant sur la place de l'immigration dans la société française.Il s'agit d'extraits d'articles d'historiens ou de sociologues sur la question de l'immigration.

Trois thèmes sont abordés: l'immigration dans le syndicalisme; les pratiques discriminatoires dans le monde du travail à l'encontre des immigrés; la question de l'immigration après mai 68.


 

 

 

Le mouvement ouvrier face aux travailleurs immigrés

Les relations entre le mouvement ouvrier français et les travailleurs immigrés évoluent au cours du XXe siècle. René Gallissot, ancien directeur de l'Institut Maghreb-Europe, retrace les grandes périodes de cette histoire complexe et nous fournit des explications

 

Pouvez-vous nous préciser les périodes clés, de l’entre-deuxguerres jusqu’aux années soixante-dix, dans les relations entre les syndicats et les travailleurs immigrés ?

R. G. : L’histoire des migrations se distingue par des cycles économiques – croissance/chômage – et des pics de réactions nationalistes (racisme et fascisme, montée de l’extrême droite…). Les cycles se chevauchent et se recoupent. De l’après-guerre de 1914 à la crise de 1929, on est en présence d’une double attitude syndicale qui oppose la CGT – réformiste, partisane de l’État social – et la CGTU – adepte de la lutte de classe et ouverte aux travailleurs étrangers. Ensuite, les attitudes vont changer.

Après la crise de 1929, la législation établit des discriminations protectionnistes dans le travail. En 1936, les immigrés sont fondus dans le mou vement antifasciste au nom de la classe ouvrière française. Les questions d’immigration passent au second plan. Ce phénomène se répète en 1945 avec l’apogée de l’assimilationnisme, notamment pour les travailleurs étrangers. Durant les Trente Glorieuses, la France se trouve dans une période de reconstruction et l’idéologie assimilatrice est dominante. Or, la main-d’oeuvre se renouvelle par les Algériens. D’ailleurs, la croissance ne dure que quinze ans (de 1956 à 1973) et c’est une période économique favorable qui développe l’État social.

Mais la guerre d’Algérie vient distiller sa haine et le racisme colonial se retourne contre les travailleurs arabes. C’est à ce moment-là que se développe une politique patronale paternaliste et discriminatoire à la fois, par exemple chez Citroën au sein d’associations musulmanes. Or, la distinction religieuse n’existait ni à l’intérieur du mouvement ouvrier ni dans la majorité de l’opinion.

À partir de 1973 et surtout depuis 15 ou 20 ans, les “Arabes” sont progressivement perçus comme des “musulmans”, même si la pratique religieuse est faible. Ce qui change la distinction, c’est l’inscription dans le conflit idéologique polarisé sur l’islam et entraînant des difficultés jusque dans le monde syndical.

Les conditions économiques et les vagues de racisme sont interdépendantes.

Durant les années qui suivirent le krach de 1929, le chômage n’était pas pris en charge par l’État ; des associations et des comités de soutien aux chômeurs s’organisaient et s’ouvraient parfois aux immigrés. En revanche, pendant la crise de 1973, l’État social intervient : il indemnise, tout en masquant le chômage par le développement de l’emploi précaire, les stages de formation. Il jongle avec les chiffres et les changements de statut. Le chômage est ainsi “géré” par l’État qui impose ses restrictions.

Le mouvement ouvrier face aux travailleurs immigrés

Les relations entre le mouvement ouvrier français et les travailleurs immigrés évoluent

au cours du XXe siècle. René Gallissot, ancien directeur de l'Institut Maghreb-Europe, retrace

les grandes périodes de cette histoire complexe et nous fournit des explications

 Immigration et marché du travail - N° 1263 - Septembre-octobre 2006 ,p.101-102

 


 

Les discriminations au travail: le cas des usines Renault

 

Pitti Laure, « Quand l'histoire éclaire les dessous de la discrimination positive », Plein droit, 2006/1 n° 68, p. 47-48.

 

Le 12 décembre dernier, un jugement était rendu par le conseil de prud’hommes de Boulogne-

Billancourt suite à la plainte déposée par cinq exsalariés et un salarié de l’entreprise Renault pour discrimination raciale dans la progression de carrière.

Le conseil les a déboutés. Il a jugé en premier lieu que, « sur les méthodes de gestion du personnel appliquées dès 1954, la SAS Renault [démontrait] que cette organisation avait essentiellement pour but d’aider les salariés d’origine étrangère » ; il n’a pas ce faisant « [constaté] de faits relatifs à une discrimination raciale dans cette gestion » et précisé que « les faits [devaient] être appréciés dans le contexte de l’époque où ils se sont déroulés avec des contraintes résultant de réorganisations et de fusions et de leurs conséquences économiques »(1).

Mais à quel contexte fait référence la date de 1954 mise en avant par le jugement, sans autre forme de précision ? En aucun cas à celui d’une réorganisation ou d’une fusion qu’aurait alors connues le constructeur économique ; celles-ci sont en effet postérieures. Il faut pouvoir lire entre les lignes pour resituer le contexte, un contexte sur lequel, précisément, ce jugement fait silence.

Car en 1954, l’entreprise alors nationalisée produisait et diffusait un document interne, Le problème « nord-africain » à la Régie nationale des usines Renault, dans lequel elle préconisait la mise en place de dispositifs d’encadrement et d’aide sociale « spécialement dévolus aux Nord-Africains »(2), lesquels, rappelons-le, étaient alors juridiquement français – protégés français pour ceux qui venaient du Maroc et de la Tunisie, sujets français pour ceux, alors majoritaires à Renault, qui arrivaient d’Algérie. Un arrêté du ministère du travail rappelait, en 1949, que ces derniers étaient part intégrante de la main-d’œuvre nationale et leur embauche était jugée prioritaire sur celle de la main-d’œuvre étrangère. De tels dispositifs ne visaient donc pas à aider « les salariés d’origine étrangère » mais bel et bien les

« Français musulmans d’Algérie » selon la dénomination institutionnelle de l’époque, alors communément appelés « Nord-Africains » lorsqu’ils vivaient et travaillaient en métropole. Si les dispositifs mis en place visaient en effet à les « aider », on ne peut en vérité ignorer, ne serait-ce qu’à la lecture de l’édition du Monde datée du 6 novembre 1954 rendant compte de la publication du Problème « nord-africain » à la Régie nationale des usines Renault, qu’ils étaient destinés à recruter et à gérer de manière différenciée les travailleurs venant d’Afrique du Nord(3).

Certes, la différenciation coloniale était de mise à l’époque, érigée en système de gestion dans le monde du travail au-delà de la seule entreprise Renault et, au-delà du monde du travail, dans tous les aspects de l’administration de cette population coloniale, comme l’a récemment montré le livre d’Alexis Spire(4). Le ministère du travail, par une circulaire de janvier 1949, n’enjoignait-il pas les entreprises de plus de cinq cents salariés à comptabiliser leur personnel en distinguant les « Français », les « étrangers » et les … « Nord-Africains » ? Preuve que ces derniers n’étaient pas, de fait, considérés à l’époque comme des citoyens français en métropole – ce qu’ils étaient pourtant de droit depuis 1947. Soit dit en passant, que ces mesures statistiques soient allées de pair avec des dispositifs de gestion différenciée à l’endroit des « Nord-Africains »(5) incite vivement à réfléchir sur les effets pratiques de l’usage de catégories ethniques dans la mesure des populations.

Certes, on peut comprendre la volonté d’un conseil de prud’hommes de s’extraire des feux du débat public pour juger en toute sérénité, à un moment, précisément, où l’histoire et la mémoire de la colonisation font fortement débat et où le pass colonial est, souvent trop rapidement, traduit en présent post-colonial. Mais précisément, que penser d’un tel jugement sinon qu’il est au mieux contradictoire, sinon scandaleux, lorsque, au mépris d’une contextualisation historique qu’il appelle pourtant de ses voeux, celui-ci érige une différenciation coloniale en signe, voire en preuve, d’une discrimination positive ? De la discrimination positive à l’histoire « positive » de la colonisation, il n’y a qu’un pas… que ce jugement semble bel et bien avoir franchi.

 

* Laure Pitti est l’auteur d’une thèse sur les Ouvriers algériens à Renault-Billancourt de la guerre d’Algérie aux grèves d’OS des années 1970.

 

(1) Conseil de Prud’hommes de Boulogne-Billancourt, Jugement. Audience publique du 12 décembre 2005, p. 16.

(2) Régie Nationale des Usines Renault (RNUR), Le problème « nordafricain» à la RNUR, documentation technique, 10 novembre 1954, 9 p.,p. 6.

(3) Cf. Laure Pitti, « Les «Nord-africains » à Renault au début des années 1950 : un cas d’école de gestion coloniale de la main-d’œuvre en métropole », Bulletin de l’IHTP, n° 83, premier semestre 2004, pp. 128-143, consultable sur www.ihtp.cnrs.fr/dossier_monde_colonial/sommaire.html et « De la différenciation coloniale à la discrimination systémique ? La condition d’OS algérien à Renault, de la grille Parodi à la méthode Renault de qualification du travail (1945-1973 », La Revue de l’IRES, n°46, 2004/3, pp. 69-107, consultable sur www.ires fr.org/files/publications/revue/R46/R463.pdf

(4) Alexis Spire, Étrangers à la carte. L’administration de l’immigration en France, Paris, Grasset, 2005.

(5) Cf. Laure Pitti, « Catégorisations ethniques au travail. Un instrument de gestion différenciée de la main-d’oeuvre », Histoire & Mesure, 2005, XX-3/4, pp. 69-101.


 

 

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Zancarini-Fournel Michelle, « La question immigrée après 68 », Plein droit, 2002/2 n° 53-54, p. 3-7.

 


 

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 15:51

logo_observatoire_menu_accu.jpg"La progression du nombre de femmes ingénieures ne doit pas faire oublier le sous-emploi des caissières", entretien avec Margaret Maruani et Monique Méron.
le 7 novembre 2012

Dans "Un siècle de travail des femmes en France" (ed. La Découverte), Margaret Maruani et Monique Meron passent à la loupe l’activité des femmes au fil du siècle. Un travail au long cours, et quelques résultats étonnants.

 

Votre voyage dans "Un siècle de travail des femmes" aboutit à une découverte : l’activité féminine n’a pas évolué comme on le pensait…

Margaret Maruani. Cela a été notre grande surprise. Comme tout le monde, nous pensions que l’activité des femmes avait diminué durant la première moitié du XXe siècle, des années 1920 aux années 1960. Mais cette baisse est accentuée par un changement de méthode en 1954, qui fait que 1,2 million de personnes ne sont plus comptabilisées comme actives, dont près d’1 million de femmes.

Ce changement de définition, qui touche essentiellement des femmes d’agriculteurs, entretient donc une illusion de baisse d’activité des femmes durant la première moitié du XXe siècle, et cela est faux : l’activité des femmes a varié, augmenté au moment des guerres, diminué pendant les crises, mais globalement elle s’est maintenue en tendance sur toute la première moitié du XXe siècle.

Monique Meron. J’ajouterais qu’aujourd’hui le niveau de l’activité est sans doute surestimé par rapport à la façon de comprendre l’emploi que l’on avait auparavant. On comptabilise comme activité des morceaux d’emploi (des tout petits boulots de quelques heures) qui, hier n’auraient pas suffi pour être compris dans les chiffres de l’emploi. Du coup, la courbe de l’augmentation de l’activité féminine depuis les années soixante parait accentuée : trop basse au départ puisque nombre de femmes sont « gommées » de l’activité, très haute dans les années récentes puisque le moindre travail, même très partiel, est compté comme un emploi. Nous n’avons pas voulu reconstituer une série globale, mais nous interroger sur les changements de méthode et ce qu’ils signifiaient dans la compréhension du travail féminin. Hier, une femme d’agriculteur était « femme de », mais en même temps incluse de facto parmi les actifs en tant qu’agricultrice. Le statut des femmes a changé : à partir des années 1950, on leur a demandé individuellement, de déclarer si elles avaient une « profession », et c’est cela qui en a fait basculer (d’un point de vue statistique) vers l’inactivité. La question de la frontière entre le travail professionnel et l’activité domestique, le chômage et l’inactivité a toujours été particulière pour les femmes.

MMa. Oui, sur elles pèse toujours une sorte de soupçon d’inactivité – est-ce bien du travail ce qu’elles font là ? Une paysanne dans un champ travaille-t-elle ou regarde-t-elle le paysage ? Une ouvrière licenciée, est-ce une chômeuse ou une femme qui rentre au foyer ?

 

Quel bilan peut-on dresser de la mixité si l’on raisonne en terme de secteurs d’activité ?

MMe. D’un côté on a des bastions qui évoluent peu, de l’autre des vrais phénomènes d’ouverture aux femmes. Au début du siècle, les domestiques comptaient 87 % de femmes. Aujourd’hui, les femmes représentent 82 % des emplois à domicile. On ne peut pas appeler cela une transformation sociale ! Dans ce secteur comme à la caisse des supermarchés ou parmi les emplois peu qualifiés de la santé, les femmes sont ultra-majoritaires et la situation évolue peu. Même chose pour les emplois peu qualifiés des hommes, dans le bâtiment, l’industrie automobile, etc. En revanche, dans certaines professions qualifiées, avocats, médecins, et même ingénieurs par exemple les progrès sont réels. En marche dans les professions supérieures, la mixité est en panne dans le salariat d’exécution. Bien sûr, il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais la situation des femmes n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au début du siècle. Ensuite, il faut bien comprendre que la mixité n’est pas l’égalité : en haut des hiérarchies, on a encore beaucoup plus souvent des hommes, quels que soient les secteurs professionnels.

 

Pour les femmes, n’existe-t-il pas des formes de rejet d’un mode du travail masculinisé, très hiérarchique ?

MMa. Il y a toujours eu un discours sur l’absence d’ambition des femmes dans l’univers du travail, leurs centres d’intérêt différents… qui permet de justifier la permanence de la domination masculine. Bien sûr qu’il faut s’interroger sur le monde du travail et son fonctionnement. Comme le dit bien la sociologue de l’éducation Marie Duru-Bellat, les femmes font des choix « raisonnables ». Elles « choisissent » bien souvent des métiers et des secteurs féminisés, là où elles savent pouvoir trouver plus facilement un emploi : pourquoi s’embêter à faire une formation d’électricienne lorsque l’on sait que l’on trouvera beaucoup plus facilement un emploi d’infirmière ou de secrétaire ? Au passage, quand les hommes ne sont plus là, comme cela a été le cas pendant les périodes de guerre, alors les femmes prennent leur place et on ne se pose plus la question !

Le développement du temps partiel va dans ce sens.

MMe. Quand on est face à une situation qu’on sait ne pas pouvoir faire évoluer, on finit toujours par le rationnaliser. On décide que c’est "choisi" parce qu’on sait bien qu’on ne peut pas faire autrement. On le voit bien dans la question du « choix » du temps partiel, toujours très complexe. Entre 1975 et 2008, sur 3,8 millions d’emplois féminins supplémentaires, 2,3 millions, plus de 70 %, étaient des emplois à temps partiel. Il y a dans la fonction publique, notamment, des femmes qui décident, par exemple, de ne pas travailler le mercredi pour s’occuper de leurs enfants ou pour faire tout autre chose. Elles savent qu’elles pourront ensuite reprendre leur place à temps plein. Mais beaucoup de femmes peu qualifiées occupent des bouts d’emploi faute de mieux et ne demandent qu’à travailler plus… pour gagner plus - pour gagner normalement leur vie.

 

On oublie souvent la question des inégalités entre les femmes...

MMa. La question des inégalités entre hommes et femmes est aussi une question sociale. On aurait tort de se focaliser uniquement sur la situation des femmes aux postes de direction. La crise creuse les écarts entre les femmes. Dans un premier temps, la crise a d’abord touché les emplois industriels masculins, puis elle s’est répercutée sur les femmes, dans le tertiaire. Ce sont d’abord les emplois peu qualifiés, masculins ou féminins, qui subissent les conséquences de la situation actuelle. Mais le taux de chômage masque un sous-emploi massif des femmes, notamment celles qui n’ont pas un niveau de diplôme élevé. La progression du nombre de femmes ingénieures ne doit pas faire oublier le sous-emploi des caissières ou le sur-chômage massif des ouvrières.

MMe. J’ajouterais qu’il faut aussi regarder à l’intérieur de chaque profession dite mixte. Les femmes et les hommes ingénieurs ou médecins par exemple ne sont pas présents dans les mêmes domaines. La médecine devient de plus en plus mixte, mais chez les chirurgiens on est très loin du compte : ce sont presque toujours des hommes, alors que les pédiatres et gynécologues sont majoritairement des femmes. A l’opposé, les aides soignants sont très souvent des aides soignantes…

Propos recueillis par Louis Maurin.

Margaret Maruani est sociologue, directrice de recherche au CNRS. Monique Meron est statisticienne, administratrice de l’INSEE. Elles sont auteures de "Un siècle de travail des femmes en France", éditions La Découverte, octobre 2012.

Voir les tableaux de données publiés en annexe.

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 12:29

logo-copie-1.png5,4 millions d’immigrés et 3,7 millions d’étrangers vivent en France, selon les données du recensement 2008 de l’Insee. Les premiers représentent 8,3 % de la population, les seconds 5,8 %. Environ deux millions de Français (3 % de l'ensemble) habitent à l'étranger, selon le ministère des affaires étrangères.

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Source : Insee, données 2008

Les immigrés sont des personnes nées étrangères à l’étranger et venues s’installer en France (lire notre définition). Une partie, par la suite, a pu acquérir la nationalité française : 41 % des immigrés sont Français, 59 % étrangers. Ce qui les caractérise, c’est la migration.

Les étrangers sont tous ceux qui vivent en France et qui n’ont pas la nationalité française. Ce qui les caractérise, c'est la nationalité, pas le fait d'avoir changé de pays. Une partie née en France de parents étrangers, deviendra presque en totalité française à l’âge de 16 ans. En 2008, 15 % des étrangers étaient nés dans l'Hexagone.

La part des immigrés dans la population française augmente de façon relativement constante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, passant de 5,4 % en 1954 à 8,3 % aujourd’hui. La progression est très modérée par rapport à d’autres pays d’Europe : le taux était de 7,4 % dans l'Hexagone au milieu des années 1970. En revanche, la proportion d’étrangers en France connaît des mouvements d’oscillation entre 4,5 et 6,5 %. Depuis le début des années 1980, la part des étrangers a diminué, de 6,8 à 5,8 aujourd’hui. Ces évolutions correspondent aux mutations économiques, sociales et culturelles d'un monde où les échanges (de marchandises, d'hommes, d'informations, etc.) s'affranchissent de plus en plus des frontières 1.

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Une part plus importante de la population a des ancêtres venus de l’étranger. C'est le cas de très nombreux personnages célèbres de notre pays, dont l'ancien président de la République. L’Insee estime ainsi que 5,6 millions d'adultes sont nés à l'étrangers, dont 460 000 nés Français (mais d'un parent né étranger à l'étranger), et que 4,5 millions sont nés en France mais descendants directs d'étrangers. Parmi ces descendants 2,2 millions ont deux parents immigrés, 2,3 millions un seul parent. Au total, un cinquième de la population française est soit née à l'étranger, soi née d'au moins un parent étranger.

La mesure de la descendance a un intérêt limité. Pour évaluer l'implantation des immigrés, la durée est plus significative 2. Le passé migratoire de la France est ancien. Le processus s'est accéléré à la fin du XIXe siècle, notamment avec l'arrivée d'Italiens 3. Aujourd'hui, la moitié des immigrés sont installés depuis plus de 24 ans en France, 80 % depuis plus de dix ans (données 1999). Cela signifie que sur les 5,4 millions, 4,3 millions vivent en France depuis au moins une décennie...

 

 

 

 

  • 1. Contrairement à une vision idéalisée de la mondialisation, cette évolution n'est pas linéaire et pose des difficultés dans tous les domaines
  • 2. Mais là aussi très approximative. On peut vivre 40 ans dans une région et souhaiter revenir sur son lieu de naissance pour sa retraite, et être installé depuis trois mois en France pour y fonder une famille et y résider de façon permanente.
  • 3. Voir "Histoire de l'immigration", Marie-Claude Blanc-Chaléard, éd. La découverte, 2001
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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 21:05

III-  Mutations des sociétés

 

Quels changements de société les bouleversements économiques ont-ils entraîné dans les pays occidentaux et en particulier en France ?

 

A-  La population active, reflet des bouleversements économiques et sociaux : exemple de la France depuis les années 1850

 

L’exercice consiste à comprendre quelles ont été les transformations de l’emploi en France depuis les années 1960.

 

Lire le texte ci-dessous :

L’emploi en France dans les années 1960 :

« Au début des années 1960, la main-d’œuvre est très majoritairement masculine, plutôt ouvrière et peu qualifiée. Souvent, seul le chef de ménage exerce une activité hors du domicile. C’est le règne de la grande entreprise industrielle marquée par une organisation du travail de type fordiste ou taylorien, avec essentiellement des contrats de travail à durée indéterminée et à temps plein. »

 

Consigne :

En utilisant les graphiques 1 à 5, relever les principales évolutions de l’emploi en France sous la forme d’un paragraphe.

Suivre la démarche suivante :

1. Faire un commentaire de chaque graphique ;

2. Construire le paragraphe à partir des commentaires.

 

1. taux de féminisation de l'emploi de 1962 à 2007

graphique1

 


 

 

2. Réparition de l'emploi par catégories socioprofesisonnelles de 1962 à 2007

 

graphique2

 



 

3. Répartition de l'emploi par niveau de dpiolme entre 1962 et 2007

 

graphique3

 

 

4. Répartition de l'emploi par âge de 1963 à 2007

graphique4

 


 

 

 

5. Répartition de l'emploi par secteur d'activité de 1962 à 2007

graphique5

 

 

 

6. Evolution du taux de salariés


 

graphique6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 18:51
affiche_dememoiresdouvriers_mini.jpg« De mémoires d’ouvriers »

jeudi 16 février 2012, par Thierry Brun

 

Le réalisateur Gilles Perret, auteur de « Ma Mondialisation » (2006) et de « Walter, retour en résistance » (2009), renoue avec la mémoire ouvrière dans un documentaire singulier sur les mutations industrielles en Savoie.

Le réalisateur Gilles Perret questionne un quidam : « Vous savez dans quel bâtiment on est, ici ? » Nous sommes dans le centre de Cluses (Haute-Savoie). Face à la caméra, le passant avoue son ignorance. Pourtant, une histoire tragique a marqué les lieux. « C’était une usine. Et en 1904, lors d’une grève, des patrons ont tiré sur des ouvriers », poursuit Gilles Perret. Une fusillade eut lieu sur la place, là ou marchent les passants, devant les usines Crettiez, fleuron de l’industrie horlogère, peuplées d’ouvriers paysans qui fabriquaient à la chaîne, dans de dures conditions, des pièces pour les montres.

Les fils Crettiez ont tiré d’une fenêtre de ce bâtiment sur les manifestants et grévistes. Une sorte de règlement de compte contre cette classe dangereuse qui a envoyé pour la première fois une liste dite « des ouvriers » aux élections municipales du 1er mai 1904, et qui a failli l’emporter contre les notables… Battus au second tour, les employés syndiqués ont chèrement payé l’affront fait aux Crettiez : cinq ont été renvoyés. C’est une humiliation de trop, qui a déclenché une grève dure, puis les manifestations, puis les morts. Trois personnes ont payé de leur vie, une quarantaine ont été blessées, l’usine a brûlé. Trente ans plus tard, le drame est romancé par Aragon, dans Les Cloches de Bâle.

Ce fait poignant est l’occasion pour Gilles Perret de sonder la mémoire collective et populaire, puis de construire une narration autour de l’histoire ouvrière locale. Le réalisateur fait appel aux souvenirs de ces ouvriers aux origines diverses et étaye cette histoire méconnue avec des extraits d’archives de la cinémathèque des pays de Savoie et de l’Ain. L’ensemble devient universel et redonne vie à ce qui reste du monde ouvrier. « Que l’histoire des horlogers savoyards ne soit pas très connue n’est pas étonnant, témoigne l’historien Michel Etiévent. Au-delà de la mémoire paysanne, de la mémoire touristique qui est souvent mise en avant avec les stations de sports d’hiver pour présenter la Savoie, ce qu’on oublie de signaler c’est l’importance de cette mémoire ouvrière, de ces gens qui au fil des derniers siècles ont bâti le pays, ouvert des routes, construit des barrages, bâti des usines pour faire ce que la Savoie est aujourd’hui et qu’on oublie très souvent au profit d’une image plus touristique de station de sport d’hiver ou de produits autour du terroir ».

« je travaille dans une usine qui a changé plusieurs fois de main »

Un siècle de classe ouvrière défile sous nos yeux, sans chronologie ni longs discours militants, mais avec une émotion à fleur de peau. « Il fallait alterner archives et témoignages afin de construire une histoire cohérente et rythmée du monde ouvrier », explique Gilles Perret. Les anciens, tel Marcel Eynard, ouvrier maçon sur le chantier du barrage de Roselend, construit à la fin des années 1950, se souviennent, assis à la table du salon ou dans leur jardin, de cette épopée industrielle, que certains ont payé de leur vie.

Lui-même né dans une cité ouvrière en Savoie, Michel Etiévent fait un détour historique pour raconter la vie d’un autre savoyard, Ambroise Croizat, apprenti métallo. Un communiste qui deviendra ministre du gouvernement de De Gaulle et sera l’un des bâtisseurs de la Sécurité sociale, un modèle encore au cœur du mouvement ouvrier d’aujourd’hui. L’ouvrier paysan Roger Loyet a remis son bleu de travail pour aller à Ugine, dans cette usine de production d’acier où il a travaillé pendant plus de trente ans, avec ses « valeurs ouvrières » : « L’homme se mariait plus ou moins avec l’acier, la chaleur, le feu, l’eau et le bruit… », raconte-t-il. Les images des années 1960 se succèdent, violentes, fumantes, bruyantes.

Puis il y a le présent. Les ouvriers de Rio Tinto Alcan, géant minier anglo-australien qui détient l’usine d’aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne, aujourd’hui menacée de fermeture. Le berceau de cette industrie est aujourd’hui en péril et le syndicaliste Henri Morandini, ouvrier d’usine depuis 1974, raconte cette guerre économique mondialisée qui morcelle la classe ouvrière. « Je travaille dans une usine qui a changé plusieurs fois de main. Aujourd’hui, on est Rio Tinto. J’ai du mal à suivre… Cela s’est fait à coup de milliards à la Bourse et on est une ligne sur bilan comptable, point barre… »

Raconter la grande histoire sociale

L’industrie laisse petit à petit la place aux touristes aisés, montre le prêtre ouvrier Bernard Anxionnaz, en marchant près d’un chantier : « Là, on a des hôtels de luxe, des chalets très huppés, décrit l’ancien maçon, la voix cassée. Ça doit valoir des fortunes… On met l’intelligence humaine, l’effort de l’être humain au service d’une petite catégorie de gens dans ce monde. Et là, on est train de faire fausse route ». L’ancien maçon regarde la construction des chalets, un gros chantier qui mobilise plus de 200 ouvriers.

Il n’y a rien de nostalgique dans cette narration maîtrisée : les hommes, car il y a peu de femmes, rencontrés par Gilles Perret sont dignes et lucides sur les rapports de force plus ou moins favorables à la classe ouvrière. Ils racontent avec leurs mots la grande histoire sociale. Les images d’archives les replacent dans leur contexte, parfois idéalisé par les actualités de l’époque, souvent très propagandistes, comme ces édifiants extraits de films institutionnels d’entreprise des années 1980. « Il faut être compétitif, être le meilleur partout, pas le second, mais le premier… Chacun d’entre nous est concerné. Chacun doit remplir sa mission avec le désir de progresser et de vaincre », matraque l’un d’entre eux.

Non, les ouvriers n’ont pas disparu, clame le film de Gilles Perret, qui rappelle qu’ils sont encore 6 millions, ces invisibles. Le monde ouvrier est le grand oublié de l’espace médiatique, qui a laissé la place aux communicants, aux managers, et aux rapports sociaux devenus de plus en plus violents. « Pour que cela bouge, il faut que les gens soient éduqués quant à cette histoire sociale », dit le réalisateur. Ce film offre en tout cas une belle leçon d’éducation populaire.

 

 


 

 


 

Débat à l’issue de l’avant-première du film à Paris, en présence de responsables des partis de gauche :

 



Avant-première "politique" de "De mémoires... par leimal74

 

Nota Bene :

De mémoires d’ouvriers, l’autre France d’en haut, Gilles Perret, dans les salles à partir du 29 février. En partenariat avec Politis.

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 21:10
hine_tenement.jpgLewis Hine, pionnier de la photographie sociale, à la Fondation Cartier-Bresson

Vous ne savez peut-être pas qui est Lewis Hine. Mais vous connaissez forcément ses images. C'est ce photographe américain, né en 1874 et mort en 1940, qui a donné un visage, ou plutôt des visages, au rêve américain : ceux d'immigrants dépenaillés, les yeux pleins d'espoir, gravissant les escaliers d'Ellis Island en 1905. Il a laissé aussi des images d'enfants au travail, minuscules silhouettes perdues au milieu d'immenses machines.

On peut toutes les voir à la Fondation Henri Cartier-Bresson, qui consacre au photographe sa première rétrospective d'ampleur avec 150 tirages. Les images sont fortes, mais les tirages présentés à la fondation ne sont pas d'une qualité exceptionnelle. Et pour cause : Lewis Hine ne cherchait pas être exposé en galerie, il voulait avant tout diffuser ses images dans des conférences, des publications.

"Si je pouvais raconter une histoire avec des mots, écrivait Hine, je ne me baladerais pas avec un appareil photo." Lewis Hine est l'un des premiers à avoir saisi l'incroyable pouvoir de démonstration de la photographie. Formé à la sociologie, cet Américain d'origine modeste est d'abord enseignant. Il passe à la photo pour illustrer ses sujets et défendre des causes : dénoncer l'exploitation des enfants, montrer les conditions de vie terribles des habitants des taudis, des Noirs américains, des réfugiés de guerre. Il se fait engager par le Comité national sur le travail des enfants (NCLC) et par la Croix-Rouge américaine.

Rien ne vaut un portrait

Pour convaincre le public, pensait Hine, rien ne vaut un portrait. A Ellis Island, avec son appareil peu maniable, il s'efforce d'isoler des individus dans la foule. C'est ainsi qu'une mère italienne se voit transformée en madone, symbole universel. Les enfants privés d'enfance lui offrent aussi des tableaux saisissants : pour le NCLC, Hine parcourt des milliers de kilomètres pour montrer dans tout le pays des petits ramasseurs de coton, des cireurs de chaussures ou des distributeurs de journaux, qui regardent l'objectif avec des yeux interrogateurs. Lewis Hine prend ses photos sans pathos, avec un souci documentaire. Mais sans s'interdire pour autant la mise en scène quand elle peut servir "sa" vérité.

Sur le fond, Hine est réformiste, pas révolutionnaire. Et plutôt optimiste. Après la première guerre mondiale, il s'engage sur des sujets moins sombres : son livre Men at Work est un hymne au travail. Il loue l'habileté des ouvriers, fourreurs, pâtissiers. A 57 ans, il grimpe même sur l'Empire State Building avec son gros appareil pour en couvrir la construction : il en tire des images vertigineuses et splendides, inspirées par le modernisme.

Mais, bientôt, l'approche de Hine ne fait plus recette. Il manque de commandes, et le monde de l'art peine à faire une place à cette photo entre art et document. Quand le photographe meurt - dans la misère -, ses archives aboutiront à la Photoleague, une association de photographes, après avoir été refusées par le MoMA. Cent après, ses photos n'ont pourtant pas perdu leur force, et ce sont ses images d'immigrés qui accueillent les touristes au musée d'Ellis Island.


"Lewis Hine", Fondation Henri Cartier-Bresson. 2, impasse Lebouis. Paris 14e. Tél. : 01-56-80-27-00. Du mardi au dimanche, de 13 heures à 18 h 30, le samedi de 11 heures à 18 h 45, nocturne gratuite le mercredi. Mo Gaîté et Edgar-Quinet. 6 € et 4 €. Sur le Web : Henricartierbresson.org. Jusqu'au 18 décembre. Claire Guillot

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 16:26

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Etude d'un ensemble documentaire: Quelles évolutions pour la condition ouvrière ?

 

Première partie: analyser l'ensemble documentaire en répondant aux questions.

 1. Pendant l’âge industriel, tous les ouvriers n’effectuent pas le même travail, ni dans les mêmes conditions. Les documents 1 et 2 montrent un atelier d’ajustage dans les années 1880 et une chaîne de montage en 1930. Sur la première photo, tous les ouvriers sont debout devant leur établi, disposant du même outillage pour effectuer leur travail. Visiblement, ils effectuent tous la même tache, ce qui laisse penser qu’ils fabriquent tous une pièce identique dans son intégralité. Ceci suppose qu’ils ont un savoir-faire particulier : ce sont certainement des ouvriers qualifiés. Sur la deuxième photo, les ouvriers sont debout devant un tapis roulant qui fait passer des objets devant eux. Chacun effectue une tâche précise sur la pièce qui défile et le travail de ceux amont de la chaîne influence le travail de ceux en aval. Les cadences sont rapides et le travail répétitif. Il s’agit sans doute d’ouvriers spécialisés. 

2. Entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XXème siècle, les conditions de vie et de travail des ouvriers se sont améliorées. Au début de l’âge industriel, l’ouvrier dispose d’un salaire très bas qui l’oblige à faire travailler quasiment tous les membres de sa famille : le document 3 fait référence aux salaires perçus par l’épouse et les enfants. De plus, la journée de travail est souvent très longue (elle varie entre 12 et 10 heures de travail quotidien dans la deuxième moitié du XIXème siècle). Le travail est souvent physique, dans des ateliers où il fait chaud, et il est aussi parfois abrutissant. Mais à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la durée hebdomadaire du travail diminue et les premiers droits sociaux protégeant les ouvriers voient le jour : ils peuvent manifester légalement leur mécontentement en faisant grève, ils disposent des premières assurances sociales contre le chômage, la vieillesse et les accidents du travail (beaucoup d’entre vous ont négligé cet aspect). Concernant les conditions de vie, les documents 3 et 4 mettent en évidence une évolution positive. Alors qu’en 1840, la quasi-totalité (87%) du revenu d’une famille ouvrière est consacrée au logement ou à la nourriture, cette proportion diminue nettement avec le temps : elle n’atteint pas plus que 77% en 1913 et 59% en 1937. Par conséquent, si les familles ouvrières consacrent proportionnellement moins d’argent aux besoins vitaux, elles peuvent améliorer leur confort de vie en ayant un logement plus décent (mieux chauffé, mieux meublé, plus grand). Le document 5 montre un intérieur ouvrier qui est meublé simplement mais qui ne manque de rien (table, chaises, vaisselier, lustre…). D’autre part, on voit apparaître dans le budget des postes de dépenses nouveaux, tels ceux consacrés aux loisirs et ils augmentent. C’est surtout vrai en France à partir de 1936 où les salariés obtiennent 15 jours de congés payés.  

3. Un certain nombre de facteurs d’explication permettent de comprendre cette amélioration des conditions de vie. Elle s’explique d’abord par une élévation du revenu ouvrier. L’âge industriel est à l’origine de gains de productivité ce qui a permis à l’entreprise de produire plus, de vendre plus donc d’augmenter son chiffre d’affaire qu’elle a en partie redistribué à ses salariés sous la forme d’augmentations de salaires ou de primes. Par conséquent, les familles ouvrières ont bénéficié d’un revenu supérieur, ce qui leur a permis de consacrer une part moins importante de leur revenu dans les dépenses vitales. De plus, les progrès de l’hygiène – dont il est question dans le document 4 – ont permis aux populations ouvrières de vivre mieux et plus longtemps : les premiers vaccins et les médicaments sont découverts et les maladies dont on mourrait encore jusque là peuvent désormais être soignées. Les syndicats ont aussi joué un grand rôle. Ils ont souvent contribué par les grèves ou les négociations avec le patronat à obtenir des avancées sociales non négligeables : la réduction du temps de travail, les congés payés… L’organisation de la classe ouvrière en groupe de pression est une des conditions de son mieux-être à l’âge industriel. Enfin, l’Etat, en adoptant des lois sociales, a fait progresser la condition ouvrière : il s’agit de corriger les excès du libéralisme.

 4. Ce constat très général d’une amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière ne doit cependant pas cacher un certain nombre d’inégalités qui perdurent. Le document 2 montre que la généralisation du travail à la chaîne, à partir du début du XXème siècle, a rendu le travail des ouvriers souvent plus abrutissant. L’adoption de l’organisation scientifique du travail a conduit à la généralisation des ouvriers spécialisés qui font un travail répétitif, n’ont pas de qualifications et sont donc généralement peu payés. De plus, l’évolution du budget d’une famille ouvrière ne laisse, même à la veille de la Seconde Guerre mondiale, encore que peu de place pour la détente et les loisirs : bien souvent, les ouvriers – qui disposent de 15 jours de congés payés – n’ont pas les moyens de partir en vacances.  

5. Le document 4 doit être manipulé avec précaution car il est produit par un syndicat ouvrier français, la CGT. Ce document insiste lourdement sur les méfaits des longues journées de travail pour les ouvriers : l’argument employé sur l’affiche – les longues journées conduisent à l’alcoolisme – n’est pas très convaincant. Ce document n’est pas du tout objectif. De plus, le document 3 est lui aussi à manipuler avec précaution car il ne propose que le budget d’une famille d’ouvriers parisiens : il est donc difficile de généraliser le cas d’une seule famille à la totalité des ouvriers de France à la même époque. Il est donc ennuyeux de comparer les chiffres du document 3a, qui ne sont relatifs qu’à une famille, et ceux du document 3b, qui ont l’air d’être une moyenne nationale.

 

Deuxième partie: rédigez une réponse organisée en fonction du sujet proposé.

3 parties peuvent ici être abordées :

1. Des conditions de vie et de travail difficiles.

2. Les facteurs de transformations: l'action de l'Etat et les luttes ouvrières.

3. Les améliorations : de la misère à la précarité.

 

Sous l'effet des deux révolutions industrielles, les usines se multiplient et embauchent une main d’œuvre importante. Le nombre des ouvriers connaît alors une augmentation importante. Ces ouvriers connaissent des conditions de vie difficiles et vont se battre pour les améliorer durant tout la période qui va du milieu du XIXe siècle aux années 30.

 

En liaison avec la forte croissance démographique de la seconde moitié du XIXe siècle, les campagnes se dépeuplent, l'exode rural se généralise entre 1850 et le début du XXe siècle et des millions d'hommes fuyant la misère se dirigent vers les villes dans l'espoir de trouver un emploi dans les usines industrielles naissantes. Les industries marquent le paysage urbain et occupent le cœur de la ville ou la périphérie proche la banlieue qui se développe souvent de façon anarchique. Celle-ci est alors confrontée à la capacité de logements et les nouveaux venus s'entassent alors dans des taudis sordides et insalubres : caves, greniers... sans confort. L’hygiène étant absente les maladies comme le choléra se développent et entraîne une espérance de vie courte. Les ouvriers sont mal payés et plus de 85% de leur budget est consacré à leur loyer et à la nourriture. La vie des ouvriers est alors marquée par la précarité et les faibles salaires ne permettent guère d'économiser et la première difficulté (chômage, maladie, accident du travail) plonge la famille dans la misère.

Les conditions de travail sont aussi difficiles pour ces prolétaires qui vendent leur force de travail contre un maigre salaire. Les journées de travail sont longues (plus de 12 heures de travail par jour du lever au coucher du soleil, toute l'année) et les congés n'existent pas. Les ouvriers sont soumis aux crises et ils connaissent fréquemment le chômage qui peut atteindre des chiffres élevés comme lors de la crise de 1929. Certains métiers comme les mineurs dans les bassins houillers sont dangereux et les accidents liés aux éboulements peuvent avoir des conséquences dramatiques et mortelles. Femmes et enfants se retrouvent alors seuls et doivent travailler constituant une main d'œuvre bon marché. D'autres métiers déshumanisent les hommes : lors de la seconde révolution industrielle l'ingénieur Taylor développe l'OST (organisation scientifique du travail), les gestes sont décomposés, chronométrés. Le travail à la chaîne est développé surtout dans l'industrie automobile et cela aboutit à un travail de plus en plus intense et aliénant.

Les problèmes posés par le développement de la classe ouvrière deviennent de plus en plus aigus et les hommes vont essayer de combattre cette situation.

 

Celle-ci reste cependant très vive et le combat ouvrier s'est d'abord exprimé en dehors de toute structure par la grève, seul moyen de revendication pour dénoncer ces dures conditions de travail. Elles sont nombreuses et sont réprimées violemment par l'armée engendrant des morts. Cependant le droit de grève est reconnu en France en 1864. Peu à peu les ouvriers s'organisent en syndicats pour faire valoir leurs revendications et en 1884, la loi les autorise. Ils organisent la lutte et revendiquent une amélioration des salaires, une baisse du temps de travail et le 1er Mai devient une journée de grève et d'action pour les ouvriers. La CGT est le premier syndicat unitaire fondée en 1895 et se donne une doctrine à travers la Charte d'Amiens en 1906 et appelle à la grève générale pour abattre le système capitaliste. En mai-juin 1936, une nouvelle forme de grève apparaît : les « grèves sur le tas », c’est à dire avec occupation pacifique des usines. C’est un moyen efficace de pression contre le patronat.

Dès le XIXe siècle, des théoriciens contestent le libéralisme économique provoquant le chômage et la misère ouvrière. Marx et  Engels sont les fondateurs du socialisme et publient en 1848 « le manifeste du parti communiste » dans lequel ils dénoncent l'injustice de cette société et veulent imposer un parti ouvrier capable d'imposer la dictature du prolétariat. En France la SFIO naît en 1905 et Jaurès, leader socialiste fait confiance à la République et au suffrage universel pour émanciper les travailleurs.

La contestation de la société ouvrière débouche néanmoins sur des progrès.

 

A partir du début du XXe siècle, l'amélioration de la condition ouvrière est sensible. Elle est liée à la conjoncture et en période de croissance les employeurs concèdent plus facilement des augmentations salariales et de ce fait le niveau de consommation des ménages s'élève lentement:en 1937, même si les ouvriers parisiens consacrent encore une part importante de leur budget à la nourriture et au logement (70%) ,ils ont des revenus plus élevés et peuvent consacrer 9 % aux soins personnels et 2,5% aux loisirs. Ceux ci se développent et les ouvriers découvrent de nouveaux loisirs comme le cinéma et certaines pratiques sportives se développent comme le football, le vélo…

Certains patrons se préoccupent dès le XIXe siècle d'améliorer le sort de leurs ouvriers comme les Schneider au Creusot. Ils répondent par le paternalisme et tentent de résoudre le problème du logement, édifiant des cités ouvrières et mettant en place des sociétés de loisirs Ces pratiques justifiées par des considérations morales doivent permettre d'attirer et de fixer la main d'œuvre et surtout de désamorcer la question sociale.

Les Etats interviennent de plus en plus dans les rapports sociaux et élaborent une législation sociale qui se traduit par une loi accordant le repos hebdomadaire, la journée de 8 heures, les premières assurances sociales (chômage, vieillesse...) et en 1936 par la semaine de 40 heures et les congés payés. L’époque du Front populaire représente un vrai progrès pour la condition ouvrière et marque durablement les esprits.

 

A partir de la fin du XIXe siècle, grâce à l'action des syndicats, des partis socialistes (SFIO et PCF), et au progrès de la législation sociale, la condition ouvrière s’améliore peu à peu.

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 19:58
33565Cet art de la grève que la droite ne veut pas voir

La grève laisse les conservateurs interdits, qui longtemps l'interdirent (Vichy, point d'orgue autoritaire, l'avait rayée d'un trait de plume, au même titre que les syndicats). Stratégie sociale dénigrée, ringardisée, voire criminalisée par la droite, la grève s'avère consubstantielle à l'identité d'une gauche qui la brandit parfois comme une illusion performative...

Il y eut la «grève-rupture» des années 1850-1930, puis, après-guerre, la «grève-institution» octroyant ou garantissant les droits des travailleurs. Aujourd'hui, le capitalisme effréné remet en cause le compromis social dont la grève s'avérait une forme de régulateur. Les conflits donnent désormais lieu à des mobilisations émiettées, polymorphes, intenses, mais décrétées invisibles (donc symboliquement interdites) par Nicolas Sarkozy, le 5 juillet 2008. C'était devant les cadres de l'UMP réunis au palais de la Mutualité à Paris (haut lieu, habituellement, des rassemblements de gauche). Le président de la République, alors triomphaliste, déclarait ceci entre deux sourires carnassiers:

Nous avons réuni, dans la bibliothèque du Centre d'étude d'histoire sociale du XXe siècle (Paris-I-CNRS), trois universitaires: Danielle Tartakowsky, professeur d'histoire contemporaine à Paris-VIII, Michel Pigenet, professeur d'histoire contemporaine à Paris-I, directeur du Centre, et Jean-Marie Pernot, issu du syndicalisme et membre de l'Ires (Institut de recherches économiques et sociales), auteur avec Guy Groux de la meilleure synthèse sur le sujet: La Grève (Presses de Sciences-po, 2008, 160 p.). Et nous sommes partis de la petite phrase de juillet 2008 du président Sarkozy

 

 

Dans les rets relevant de la société du spectacle

En un deuxième temps, Jean-Marie Pernot, Danielle Tartakowsky et Michel Pigenet analysent comment la mobilisation de l'opinion, quitte à jouer sur les attentes et la grammaire des médias, participe de la construction d'un rapport de force de la part des grévistes. La question du nombre, qu'il s'agisse des grèves ou des manifestations, attire les mouvements sociaux dans les rets d'un registre relevant de la société du spectacle. Le tout en l'absence d'interlocuteurs patronaux, qui favorise un tel déplacement des débats sur la scène publique..

 

Comment la question de la protection sociale est-elle devenue un motif de grève? Les revendications du mouvement social en ce domaine remontent à l'été 1953, où une vague d'arrêts de travail victorieux et populaires avait stoppé net une réforme des régimes spéciaux. Les grèves ont accompagné une amélioration de la condition ouvrière jugée inscrite dans l'Histoire pendant les Trente Glorieuses, avant de scander, à partir de la fin des années 1970, les grandes étapes de la désindustrialisation. Atomisées sur fond d'absence de régulation sociale, les grèves demeurent souvent le seul levier efficace dont disposent les salariés, pour qu'aboutissent des solutions dans une France marquée par le démantèlement des garanties obtenues en 1936 puis après 1945.


De la grève (3/4)
envoyé par Mediapart. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Un spectre hante l'Europe sociale: la grève générale. Ce serpent de mer, qui fut une représentation dominante de la classe ouvrière en formation, a changé d'ambition, passant du remplacement à la paralysie du système capitaliste. Jean-Marie Pernot, Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky examinent un tel projet, à travers les mutations aussi bien de son système de représentation que de ses passages à l'acte. Sommes-nous passés de la grève générale à la grève généralisée, scandée par des manifestations prenant au besoin le relais?...

 

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 12:05

Comment a évolué l’idée du progrès dans les sociétés industrielles, 1850-1939 ?

 

Questions:

1. Quelle image de l’homme de science les documents 1 et 5 présentent-ils ? Le scientifique est-il ici cantonné à son seul domaine d’action ?

2. Quelles sont les limites de la science d’après F. Brunetière ? (doc. 2) À quel courant de pensée s’oppose-t-il ainsi ?

3. D’après les documents 1, 3 et 5, sur quels éléments reposaient la confiance et la foi dans une marche ininterrompue du progrès ?

4. Montrez qu’une attitude de défiance vis-à-vis de la science comme source de progrès s’est également développée (doc. 2 et 4). Sur quels éléments reposait-elle ?

 

 Document 1 : La science au Panthéon

 Gloire de la chimie française, M. Berthelot avait également été ministre des Affaires étrangères. À sa mort en 1907, la République lui fait l'honneur de funérailles nationales et il est enterré au Panthéon.

Ô Berthelot, ta vie est un superbe exemple,Que la science éclaire toutElle nous apparaît plus subtile qu’un temple,Cette chambre où tu meures debout. Berthelot, nous venons te demander, ô Maître,
Le droit conseil et le soutien
Redis-nous ce qu’il faut que nous fassions pour être
Honnête homme et pur citoyen. Conduis notre pensée enthousiaste et libre
Par ses chemins à tes sommets,
Et que dans notre cœur viril et probre vibre
Le son de ton cour à jamais ! Et puis nous mènerons nos fils lire la pierreOù brille ton nom triomphant,
Afin que noblement s’ouvre leur âme, fièreQue la France t’eût pour enfant ! Edmond Blangneron, Ode à Marcellin Berthelot, 1907 

 

Document 2 : Un intellectuel catholique critique les « faillites » de la science

Si ce ne sont pas là "banqueroutes" totales, ce sont du moins de "faillites" partielles, et l’on conçoit aisément qu’elles aient ébranlé le crédit de la science. Qui donc a prononcé cette parole imprudente "que la science ne valait qu’autant qu’elle peut rechercher ce que la religion prétend enseigner ?" et encore celle-ci, "que la science n'a vraiment commencé que le jour où la raison s'est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : tout me fait défaut, de moi seule viendra mon salut?" Taisez-vous raison imbécile ! aurait sans doute répondu Pascal ; et, à la vérité, nous ne saurions dire ce qu’il en sera dans cent ans, dans mille ou deux mille ans d’ici ; mais, pour le moment, et pour longtemps encore, il semble que la raison soit impuissante à se délivrer seule­ment de ses doutes, bien loin de pouvoir faire elle-même son salut ; et s’il est vrai que depuis cent ans la science ait prétendu remplacer "la religion", la science, pour le moment et pour longtemps encore, a perdu la partie. Incapable de nous fournir un commencement de réponse aux seules questions qui nous intéressent, ni la science en général, ni les sciences particulières [...] ne peuvent plus revendiquer, comme elles l’ont fait depuis cent ans, le gouvernement de la vie présente. À défaut d'une certitude entière, mathé­matique et raisonnée, si nous avons besoin de nous former une idée de ce que nous sommes, [...] les sciences peuvent nous y aider ; mais il ne leur appartient pas de déterminer, et encore bien moins de juger cette idée.

Ferdinand Brunetière (critique littéraire, essayiste, membre de l’Académie française), Revue des Deux Mondes, 1895.

 

Document 3 : L’artiste et le progrès industriel

(Huile sur toile de Tullio Crali, peintre futuriste italien, En piqué sur la ville, 1939. 1,30 x 1,55 m. Rovereto, Musée d’art moderne et contemporain.)

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Document 4 : Progrès matériel et décrépitude morale

Mais, paradoxalement, dans ce même temps, alors que notre monde régressait brutalement d’un millénaire dans le domaine de la moralité, j’ai vu cette même humanité s’élever dans les domaines de l’intelligence et de la technique à des prodiges inouïs, dépassant d’un coup d’aile tout ce qu'elle avait accompli en des millions d'années la conquête de l’éther par l’avion, la transmission à la seconde même de la parole terrestre sur toute la surface de notre globe et, de ce fait, la domination de tout notre espace, la fission de l’atome, la victoire remportée sur les maladies les plus insidieuses, la réalisation presque journalière de nouveaux exploits qui semblaient hier encore impossi­bles. Jamais jusqu’à notre époque l’humanité dans son ensemble ne s’est révélée plus diabolique par son comportement et n’a accompli tant de miracles qui l’égalent à la divinité.

Stefan Sweig (1881-1942), Le monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, 1944.

  

Document 5 : L’artiste et le scientifique (Huile sur toile de Tamara de Lempicka, Portrait du Docteur Boucard, 1928. 1,35 x 0,75 m. Collection privée.) 
TamaraDeLempicka-Dr-Boucard-1929.jpg Le docteur Boucard fit fortune grâce au lactéol, médicament qu’il avait inventé et fait breveter. Cela lui permit de devenir le client le plus généreux de Tamara de Lempicka au moment où elle était au sommet de sa carrière.

 

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 12:29

Répondre aux questions sur feuille pour le 1er octobre.

Définir la notion d’idéologie (consulter le lexique du manuel d’histoire, p. 356).

 I- Les éléments du débat

 Objectifs de compétences

— identifier la nature des documents,

— extraire des informations pertinentes.

 

 Texte 1 - Adam Smith (1776)

« Tout homme, tant qu’il n’enfreint pas les lois de la justice, demeure pleinement libre de suivre la route que lui montre son intérêt, et de porter où il lui plait son industrie et son capital, concurremment avec ceux de toute autre classe d’hommes. Le souverain [l’État] se trouve entièrement débarrassé d’une charge qu’il ne pourrait essayer de remplir sans s’exposer infailliblement à se voir sans cesse trompé de mille manières, et pour l’accomplissement convenable de laquelle il n’y a aucune sagesse humaine ni connaissance qui puisse suffire : la charge d’être le surintendant de l’industrie des particuliers, de la diriger vers les emplois les mieux assortis à l’intérêt général de la société.

Dans le système de la liberté naturelle, le souverain n’a que trois devoirs à remplir (...), à la portée d'une intelligence ordinaire. Le premier, c’est le devoir de défendre la société contre tout acte de violence ou d’invasion de la part des autres sociétés indépendantes. Le second, c’est le devoir de protéger autant qu’il est possible chaque membre de ta société contre l’injustice ou l’oppression de tout autre membre, ou bien le devoir d’établir une administration exacte de la justice. Et le troisième, c’est le devoir d’ériger et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier, ou de quelques particuliers, ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir parce que jamais le profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers, quoiqu’à l’égard d’une grande société, ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dépenses. »

Adam Smith, La Richesse des nattons. 1776.

 

Question 1 - Quelle loi fondamentale du capitalisme retrouve-t-on dans ce texte ?

Question 2 - Quels sont les trois  rôles dévolus à l’État selon l’auteur ?

 

Texte 2: Léon XIII, Encyclique « Rerum novarum » sur la condition des ouvriers  (1891).

« Le premier principe à mettre en avant, c’est que l'on doit accepter cette condition de la nature humaine qui rend impossible, dans la société civile, l’élévation de tous au même niveau. L’erreur capitale dans la question présente, c’est de croire que les deux classes [patrons et ouvriers] sont ennemies nées l’une de l’autre, comme si la nature avait armé les riches et les prolétaires pour qu’ils se combattent mutuellement dans un duel obstiné ; dans la société, les deux classes sont destinées par la nature à s’unir harmonieusement [...].

[L’ouvrier] doit fournir intégralement tout le travail auquel il s’est engagé [...].  Il ne doit point léser son patron, ni dans ses biens, ni dans sa personne ; ses revendications doivent être exemptes de violence [...]. Il  doit fuir les hommes pervers qui, dans les discours artificieux, lui suggèrent des espérances exagérées [...].

Quant aux riches et aux patrons, ils ne doivent pas traiter l’ouvrier en esclave [...]. Parmi les devoirs les plus graves du patron, il faut mettre au premier rang celui de donner à  chacun le salaire juste. »

Question 1 - Le pape est-il favorable à un partage des richesses ? Quels sont ses arguments ?

Question 2 - Quels sont selon lui les devoirs de l’ouvrier ?

Question 3 - Quels sont aussi les devoirs du patron envers l’ouvrier ?

 

Texte 3 : “Le socialisme révolutionnaire”. Marx et Engels (1848).

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurandes et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une lutte qui finissait toujours soit par la transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la disparition des deux classes en lutte...

La société bourgeoise [...] n’a fait que substituer de nouvelles classes [...] à celles d’autrefois. [... ] La société entière se scinde en deux grandes classes qui s‘affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat. ...

Les communistes proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. [ ...] Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.

PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! »

Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848.

 

Question 1 - Quelle est l’opposition fondamentale caractérisant toute société depuis l’Antiquité ?

Question 2 – Quelles sont les deux classes qui s’affrontent dans la société capitaliste ?

Question 3 - Quel est l’objectif des prolétaires ? Par quels moyens peuvent-ils y parvenir ?

 

Texte 4 : “Le point de vue des réformistes”.  Les réformistes en Allemagne et en France (1864 et 1903)

4A - En Allemagne Au Reichstag*, lors des lois d’assurance et de protection ouvrière, de vifs débats se sont engagés dans le groupe pour savoir si nous garderions notre attitude négative, ou si nous voterions pour les lois qui nous sembleraient les moins mauvaises. La dernière opinion l’a emporté. La propagande n’en a pas souffert et nous avons très bien pu faire comprendre aux camarades quelles raisons nous avaient déterminés. * Reichstag : chambre des députés en Allemagne.
4B - En France Que veut la bourgeoisie démocratique que nous ne voulions comme elle avec la même ardeur ? Le suffrage universel dégagé de toute entrave ? Nous le voulons. La liberté de la presse, de réunions, régies par le droit commun ? Nous les voulons. La séparation complète de l’Église et de l’État, l'équilibre du budget, les franchises municipales ? Nous voulons tout cela... Que voulons-nous plus spécialement Qu’elle, ou du moins plus énergiquement, parce que nous y sommes plus intéressés ? L’instruction primaire gratuite et obligatoire, et la liberté du travail. Manifeste des soixante, publié dans L’Opinion nationale du 17 février 1864.

Question 1 - Quel est le cadre politique dans lequel peut se réaliser le progrès social, selon ces deux documents ?

Question 2 - Quelle est la différence essentielle de ce point de vue avec la voie préconisée par le document 3, précédent ?


Ford Madox Brown, Work, 1852-1865

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