MONARCHIE ABSOLUE, (Gouvernement) forme de
monarchie, dans laquelle le corps entier des citoyens a cru devoir conférer la souveraineté au prince, avec l'étendue & le pouvoir absolu qui résidait en lui originairement, & sans y
ajouter de restriction particulière, que celle des lois établies. Il ne faut pas confondre le pouvoir absolu d'un tel monarque, avec le pouvoir arbitraire & despotique ; car l'origine &
la nature de la monarchie absolue est limitée par sa nature même, par l'intention de ceux de qui le monarque le tient, & par les lois fondamentales de son état. Comme les peuples qui vivent
sous une bonne police, sont plus heureux que ceux qui, sans règles & sans chefs, errent dans les forêts ; aussi les monarques qui vivent sous les lois fondamentales de leur état sont-ils plus
heureux que les princes despotiques, qui n'ont rien qui puisse régler le cœur de leurs peuples, ni le leur. (D.J.)
MONARCHIE LIMITEE, (Gouvernement) sorte de monarchie où les trois pouvoirs sont tellement fondus ensemble, qu'ils se servent l'un à
l'autre de balance & de contrepoids. La monarchie limitée héréditaire, paraît être la meilleure forme de monarchie, parce qu'indépendamment de sa stabilité, le corps législatif y est composé
de deux parties, dont l'une enchaîne l'autre par leur faculté mutuelle d'empêcher ; & toutes les deux sont liées par la puissance exécutrice, qui l'est elle-même par la législative. Tel est
le gouvernement d'Angleterre, dont les racines toujours coupées, toujours sanglantes, ont enfin produit après des siècles, à l'étonnement des nations, le mélange égal de la liberté & de la
royauté. Dans les autres monarchies européennes que nous connaissons, les trois pouvoirs n'y sont point fondus de cette manière ; ils ont chacun une distribution particulière suivant laquelle ils
approchent plus ou moins de la liberté politique. Il paraît qu'on jouit en Suède de ce précieux avantage, autant qu'on en est éloigné en Danemark ; mais la monarchie de Russie est un despotisme.
(D.J.)
Montesquieu (Charles Louis de Secondat, baron de)
De l'Esprit des lois, Barillot et fils, Genève, 1748.
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PEUPLE, s. m. (Gouvern. politiq.) nom collectif
difficile à définir, parce qu'on s'en forme des idées différentes dans les divers lieux, dans les divers temps, & selon la nature des gouvernements. [...]
Autrefois en France,, le peuple était regardé comme la partie la plus utile, la plus précieuse, &
par-conséquent la plus respectable de la nation. Alors on croyait que le peuple pouvait occuper une place dans les états-généraux, & les parlements du royaume ne faisaient qu'une raison de
celle du peuple & de la leur. Les idées ont changé, & même la classe des hommes faits pour composer le peuple, se rétrécit tous les jours davantage. Autrefois le peuple était l'état
général de la nation, simplement opposé à celui des grands & des nobles. Il renfermait les Laboureurs, les ouvriers, les artisans, les Négociants ; les Financiers, les gens de Lettres, &
les gens de Lois. Mais un homme de beaucoup d'esprit, qui a publié il y a près de vingt ans une dissertation sur la nature du peuple, pense que ce corps de la nation, se borne actuellement aux
ouvriers & aux Laboureurs. Rapportons ses propres réflexions sur cette matière, d'autant mieux qu'elles sont pleines d'images & de tableaux qui servent à prouver son
système.
Les gens de Lois, dit-il, se sont tirés de la classe de peuple, en s'ennoblissant sans le secours de l'épée : les gens de Lettres, à l'exemple d'Horace, ont regardé le peuple comme
profane. Il ne serait pas honnête d'appeler peuple ceux qui cultivent les beaux Arts, ni même de laisser dans la classe du peuple cette espèce d'artisans, disons mieux, d'artistes maniérés qui
travaillent le luxe ; des mains qui peignent divinement une voiture, qui montent un diamant au parfait, qui ajustent une mode supérieurement, de telles mains ne ressemblent point aux mains du
peuple. Gardons nous aussi de mêler les Négociants avec le peuple, depuis qu'on peut acquérir la noblesse par le commerce ; les Financiers ont pris un vol si élevé, qu'ils se trouvent côte à côte
des grands du royaume. Ils sont faufilés, confondus avec eux ; alliés avec les nobles, qu'ils pensionnent, qu'ils soutiennent, & qu'ils tirent de la misère : mais pour qu'on puisse encore
mieux juger combien il serait absurde de les confondre avec le peuple, il suffira de considérer un moment la vie des hommes de cette volée & celle du peuple.
Les Financiers sont logés sous de riches plafonds ; ils appellent l'or & la soie pour filer leurs vêtements ;
ils respirent les parfums, cherchent l'appétit dans l'art de leurs cuisiniers ; & quand le repos succède à leur oisiveté, ils s'endorment nonchalamment sur le duvet. Rien n'échappe à ces
hommes riches & curieux ; ni les fleurs d'Italie, ni les perroquets du Brésil, ni les toiles peintes de Masulipatan, ni les magots de la Chine, ni les porcelaines de Saxe, de Sève & du
Japon. Voyez leurs palais à la ville & à la campagne, leurs habits de goût, leurs meubles élégants, leurs équipages lestes, tout cela sent-il le peuple ? Cet homme qui a su brusquer la
fortune par la porte de la finance, mange noblement en un repas la nourriture de cent familles du peuple, varie sans cesse ses plaisirs, réforme un vernis, perfectionne un lustre par le secours
des gens du métier, arrange une fête, & donne de nouveaux noms à ses voitures. Son fils se livre aujourd'hui à un cocher fougueux pour effrayer les passants ; demain il est cocher lui même
pour les faire rire.
Il ne reste donc dans la masse du peuple que les ouvriers & les Laboureurs. Je contemple avec intérêt leur
façon d'exister ; je trouve que cet ouvrier habite ou sous le chaume, ou dans quelque réduit que nos villes lui abandonnent, parce qu'on a besoin de sa force. Il se leve avec le soleil, &,
sans regarder la fortune qui rit au-dessus de lui, il prend son habit de toutes les saisons, il fouille nos mines & nos carrières, il dessèche nos marais, il nettoie nos rue, il bâtit nos
maisons, il fabrique nos meubles ; la faim arrive, tout lui est bon ; le jour finit, il se couche durement dans les bras de la fatigue.
Le laboureur, autre homme du peuple, est avant l'aurore tout occupé à ensemencer nos terres, à cultiver nos
champs, à arroser nos jardins. Il souffre le chaud, le froid, la hauteur des grands, l'insolence des riches, le brigandage des traitants, le pillage des commis, le ravage même des bêtes fauves,
qu'il n'ose écarter de ses moissons par respect pour les plaisirs des puissants. Il est sobre, juste, fidèle, religieux, sans considérer ce qui lui en reviendra. Lucas épouse Colette, parce qu'il
l'aime ; Colette donne son lait à ses enfans, sans connaître le prix de la fraîcheur & du repos. Ils grandissent ces enfants, & Lucas ouvrant la terre devant eux, leur apprend à la
cultiver. Il meurt, & leur laisse son champ à partager également ; si Lucas n'étoit pas un homme du peuple, il le laisserait tout entier à l'aîné. Tel est le portrait des hommes qui composent
ce que nous appelons peuple, & qui forment toujours la partie la plus nombreuse & la plus nécessaire de la nation.
Qui croirait qu'on a osé avancer de nos jours cette maxime d'une politique infâme, que de tels hommes ne doivent
point être à leur aise, si l'on veut qu'ils soient industrieux & obéissants : si ces prétendus politiques, ces beaux génies pleins d'humanité, voyageaient un peu, ils verraient que
l'industrie n'est nulle part si active que dans les pays où le petit peuple est à son aise, & que nulle part chaque genre d'ouvrage ne reçoit plus de perfection. Ce n'est pas que des hommes
engourdis sous le poids d'une misère habituelle ne pussent s'éloigner quelque temps du travail si toutes les impositions cessaient sur le champ, mais outre la différence sensible entre le
changement du peuple & l'excès de cette supposition, ce ne serait point à l'aisance qu'il faudrait attribuer ce moment de paresse, ce serait à la surcharge qui l'aurait précédée. Encore ces
mêmes hommes revenus de l'emportement d'une joie inespérée, sentiraient-ils bientôt la nécessité de travailler pour subsister ; & le désir naturel d'une meilleure subsistance les rendrait
fort actifs. Au contraire, on n'a jamais vu & on ne verra jamais des hommes employer toute leur force & toute leur industrie, s'ils sont accoutumés à voir les taxes engloutir le produit
des nouveaux efforts qu'ils pourraient faire, & ils se borneront au soutien d'une vie toujours abandonnée sans aucune espèce de regret.
A l'égard de l'obéissance, c'est une injustice de calomnier ainsi une multitude infinie d'innocents ; car les rois
n'ont point de sujets plus fidèles, &, si j'ose le dire, de meilleurs amis. Il y a plus d'amour public dans cet ordre, peut-être, que dans tous les autres ; non point parce qu'il est pauvre,
mais parce qu'il sait très-bien, malgré son ignorance, que l'autorité & la protection du prince sont l'unique gage de sa sûreté & de son bien-être ; enfin, parce qu'avec le respect
naturel des petits pour les grands, avec cet attachement particulier à notre nation pour la personne de ses rois, ils n'ont point d'autres biens à espérer. Dans aucune histoire, on ne rencontre
un seul trait qui prouve que l'aisance du peuple par le travail, a nui à son obéissance.
Concluons qu'Henri IV avait raison de désirer que son peuple fût dans l'aisance, & d'assurer qu'il
travaillerait à procurer à tout laboureur les moyens d'avoir l'oie grasse dans son pot. Faites passer beaucoup d'argent dans les mains du peuple, il en reflue nécessairement dans le trésor public
une quantité proportionnée que personne ne regrettera : mais lui arracher de force l'argent que son labeur & son industrie lui ont procuré, c'est priver l'état de son embonpoint & de ses
ressources. (D.J.)
PRESSE, (Droit polit.) on demande si la liberté de la presse est avantageuse ou préjudiciable à un état. La réponse n'est pas difficile.
Il est de la plus grande importance de conserver cet usage dans tous les états fondés sur la liberté : je dis plus ; les inconvénient de cette liberté sont si peu considérables vis-à-vis de ses
avantages, que ce devrait être le droit commun de l'univers, & qu'il est à-propos de l'autoriser dans tous les gouvernements.
Nous ne devons point appréhender de la liberté de la presse, les fâcheuses conséquences qui suivaient les discours des harangues d'Athènes & des tribuns de Rome. Un homme dans son
cabinet lit un livre ou une satyre tout seul & très-froidement. Il n'est pas à craindre qu'il contracte les passions & l'enthousiasme d'autrui, ni qu'il soit entraîné hors de lui par la
véhémence d'une déclamation. Quand même il y prendrait une disposition à la révolte, il n'a jamais sous la main d'occasions de faire éclater ses sentiments. La liberté de la presse ne peut donc,
quelque abus qu'on en fasse, exciter des tumultes populaires. Quant aux murmures, & aux secrets mécontentements qu'elle peut faire naître, n'est-il pas avantageux que, n'éclatant qu'en
paroles, elle avertisse à temps les magistrats d'y remédier ? Il faut convenir que, partout, le public a une très-grande disposition à croire ce qui lui est rapporté au désavantage de ceux qui le
gouvernent ; mais cette disposition est la même dans les pays de liberté & dans ceux de servitude. Un avis à l'oreille peut courir aussi vite, & produire d'aussi grands effets qu'une
brochure. Cet avis même peut être également pernicieux dans les pays où les gens ne sont pas accoutumés à penser tout haut, & à discerner le vrai du faux, & cependant on ne doit pas
s'embarrasser de pareils discours.
Enfin, rien ne peut tant multiplier les séditions & les libelles dans un pays où le gouvernement subsiste dans
un état d'indépendance, que de défendre cette impression non autorisée, ou de donner à quelqu'un des pouvoirs illimités de punir tout ce qui lui déplaît ; de telles concessions de pouvoirs dans
un pays libre, deviendraient un attentat contre la liberté, de sorte qu'on peut assurer que cette liberté serait perdue dans la Grande-Bretagne, par exemple, au moment que les tentatives de la
gêne de la presse réussiraient ; aussi n'a-t-on garde d'établir cette espèce d'inquisition. (D.J.)
TRAITE DES NEGRES, (Commerce d'Afrique) c'est
l'achat des nègres que font les Européens sur les côtes d'Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d'esclaves. Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est
un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, & tous les droits de la nature humaine.
Les nègres, dit un anglais moderne plein de lumières & d'humanité, ne sont point devenus esclaves par le droit
de la guerre ; ils ne se dévouent pas non plus volontairement eux-mêmes à la servitude, & par conséquent leurs enfants ne naissent point esclaves. Personne n'ignore qu'on les achète de leurs
princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, & que les négociants les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies, soit en
Amérique où ils les exposent en vente.
Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n'y a point de crime, quelque atroce
qu'il soit, qu'on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont donc pas en droit de disposer de leur liberté, & de
les vendre pour esclaves.
D'un autre côté, aucun homme n'a droit de les acheter ou de s'en rendre le maître ; les hommes & leur liberté
ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Il faut conclure de-là qu'un homme dont l'esclave prend la fuite, ne doit s'en prendre qu'à
lui-même, puisqu'il avait acquis à prix d'argent une marchandise illicite, & dont l'acquisition lui était interdite par toutes les lois de l'humanité & de l'équité.
Il n'y a donc pas un seul de ces infortunés que l'on prétend n'être que des esclaves, qui n'ait droit d'être
déclaré libre, puisqu'il n'a jamais perdu la liberté ; qu'il ne pouvait pas la perdre ; & que son prince, son père, & qui que ce soit dans le monde n'avait le pouvoir d'en disposer ; par
conséquent la vente qui en a été faite est nulle en elle-même : ce nègre ne se dépouille, & ne peut pas même se dépouiller jamais de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, & il
peut exiger par-tout qu'on l'en laisse jouir. C'est donc une inhumanité manifeste de la part des juges de pays libres où il est transporté, de ne pas l'affranchir à l'instant en le déclarant
libre, puisque c'est leur semblable, ayant une âme comme eux.
Il y a des auteurs qui s'érigeant en jurisconsultes politiques viennent nous dire hardiment, que les questions
relatives à l'état des personnes doivent se décider par les lois des pays auxquels elles appartiennent, & qu'ainsi un homme qui est déclaré esclave en Amérique & qui est transporté de-là
en Europe, doit y être regardé comme un esclave ; mais c'est là décider des droits de l'humanité par les lois civiles d'une gouttière, comme dit Cicéron. Est-ce que les
magistrats d'une nation, par ménagement pour une autre nation, ne doivent avoir aucun égard pour leur propre espèce ? Est-ce que leur déférence à une loi qui ne les oblige en rien, doit leur
faire fouler aux pieds la loi de la nature, qui oblige tous les hommes dans tous les temps & dans tous les lieux ? Y a-t-il aucune loi qui soit aussi obligatoire que les lois éternelles de
l'équité ? Peut-on mettre en problème si un juge est plus obligé de les observer, que de respecter les usages arbitraires & inhumains des colonies ?
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La Nature représentée par une femme nourrissant à la fois un enfant blanc et un noir regarde
avec compassion les Nègres esclaves maltraités, XVIIIe siècle, BNF, Estampes.
Le XVIIIe siècle voit naître un courant de pensée hostile à l’esclavage et à la
traite, qui s’amplifie après 1750 parallèlement aux descriptions du "bon sauvage", thème central de l’exotisme. Cette gravure illustre l’Histoire philosophique et politique des
établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes de l’abbé Raynal, ouvrage qui condamne radicalement l’esclavage.
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Jean-Antoine-Nicolas de Caritat de Condorcet
Réflexions sur l’esclavage des nègres, par M. Schwartz, pasteur à Bienne, Neufchâtel / Paris,
Froullé, 1788 (2e éd.), BNF.
Le mathématicien et philosophe Condorcet est un fervent militant de la cause abolitionniste. Dans ce petit
livre, d’abord publié en 1781 en Suisse sous le pseudonyme du pasteur Schwartz – Condorcet condamne l’esclavage comme un crime mais dénonce aussi son inutilité économique : le
travail servile, dont la productivité est faible, est un frein à l’établissement de l’économie de marché. Il préconise une disparition par étapes, un affranchissement brutal des esclaves
pouvant entraîner de grands désordres.
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On dira peut-être qu'elles seraient bientôt ruinées ces colonies, si l'on y abolissait l'esclavage des nègres. Mais quand cela serait, faut-il conclure de-là que le genre humain doit être
horriblement lésé, pour nous enrichir ou fournir à notre luxe ? Il est vrai que les bourses des voleurs de grand chemin seraient vides, si le vol était absolument supprimé : mais les hommes
ont-ils le droit de s'enrichir par des voies cruelles & criminelles ? Quel droit a un brigand de dévaliser les passants ? A qui est-il permis de devenir opulent, en rendant malheureux ses
semblables ? Peut-il être légitime de dépouiller l'espèce humaine de ses droits les plus sacrés, uniquement pour satisfaire son avarice, sa vanité, ou ses passions particulières ? Non.... Que les
colonies européennes soient donc plutôt détruites, que de faire tant de malheureux !
Mais je crois qu'il est faux que la suppression de l'esclavage entraînerait leur ruine. Le commerce en souffrirait
pendant quelque temps : je le veux, c'est-là l'effet de tous les nouveaux arrangements, parce qu'en ce cas on ne pourrait trouver sur le champ les moyens de suivre un autre système ; mais il
résulterait de cette suppression beaucoup d'autres avantages.
C'est cette traite de nègres, c'est l'usage de la servitude qui a empêché l'Amérique de se peupler aussi
promptement qu'elle l'aurait fait sans cela. Que l'on mette les nègres en liberté, & dans peu de générations ce pays vaste & fertile comptera des habitants sans nombre. Les arts, les
talents y fleuriront ; & au lieu qu'il n'est presque peuplé que de sauvages & de bêtes féroces, il ne le sera bientôt que par des hommes industrieux. C'est la liberté, c'est l'industrie
qui sont les sources réelles de l'abondance. Tant qu'un peuple conservera cette industrie & cette liberté, il ne doit rien redouter. L'industrie, ainsi que le besoin, est ingénieuse &
inventive ; elle trouve mille moyens différents de se procurer des richesses ; & si l'un des canaux de l'opulence se bouche, cent autres s'ouvrent à l'instant.
Les âmes sensibles & généreuses applaudiront sans-doute à ces raisons en faveur de l'humanité ; mais l'avarice
& la cupidité qui dominent la terre, ne voudront jamais les entendre. (D.J.)